Rupture du croisé antérieur : diminuer le risque de récidive chez les jeunes athlètes

Très douloureuse et invalidante, la déchirure du ligament croisé antérieur (LCA) est assez courante chez les athlètes pratiquant des sports avec des arrêts soudains et des changements de direction, comme le football et le basket. Il existe différentes techniques de reconstruction du LCA : elle consiste le plus souvent à utiliser des morceaux de tendons, celui des ischio-jambiers ou le tendon rotulien, pour reconstruire le ligament endommagé. Malheureusement, le risque de récidive de déchirure et d’échec de greffe est élevé, notamment chez les jeunes athlètes. Les médecins l’estiment à 20%.

Après entorse grave du genou, la reconstruction du ligament croisé antérieur chez les jeunes athlètes a plus de chance de tenir si elle est associée à une ténoplastie extra-articulaire externe : réduction de 65% du risque de détérioration secondaire. C'est le résultat d'une étude présentée lors du congrès ISAKOS 2019.

La création d'une nouvelle structure de type ligamentaire

Dans un vaste essai clinique appelé STABILITY, dont les résultats ont été dévoilés la semaine dernière à Cancun, au Mexique, lors du Congrès ISAKOS 2019, ses auteurs ont expliqué en quoi cette intervention appelée ténoplastie extra-articulaire externe permet de fournir un soutien supplémentaire. Elle consiste en la création d'une nouvelle structure de type ligamentaire à l'extérieur du genou.

"Bien que la procédure de ténoplastie extra-articulaire externe ait démontré son potentiel d'amélioration des résultats pour les patients, un essai clinique randomisé a été nécessaire pour évaluer si elle réduit ou non le risque de récidive", explique le Dr Alan Getgood, scientifique à la Lawson and Orthopaedic Knee Surgeon de la Fowler Kennedy Sport Medicine Clinic.

Au total, 624 personnes de moins de 25 ans ont participé à l’essai. Toutes ont subi une reconstruction du LCA à l'aide d'une greffe des ischio-jambiers et présentaient un risque élevé de récidive. La moitié des participants ont été tirés au sort pour recevoir la chirurgie de reconstruction classique, sans ténoplastie extra-articulaire externe. L’autre moitié a reçu une reconstruction du ligament croisé antérieur avec la ténoplastie extra-articulaire externe en plus.

Une réduction de 65% du risque de rupture secondaire

Les chercheurs ont alors constaté qu’une nouvelle lésion s'est produite chez 11 % des patients ayant reçu la chirurgie classique, comparativement à seulement 4 % des patients ayant bénéficié une reconstruction du ligament croisé antérieur avec ténoplastie extra-articulaire externe. "L'ajout de la ténoplastie extra-articulaire externe a permis de réduire de 65% le risque relatif d'échec de greffe", détaille le Dr Getgood. "Nos résultats suggèrent que les patients de moins de 25 ans devraient envisager la ténoplastie extra-articulaire externe lorsqu'ils ont décidé de reconstruire le LCA avec une greffe du tendon des ischio-jambiers."

Les chercheurs ont aussi pris en compte certains autres résultats, dont la douleur, le rétablissement de la fonction sportive, de la force musculaire et enfin la suite de la carrière sportive. Bien que la ténoplastie extra-articulaire externe ait entraîné des douleurs post-opératoires légèrement plus fortes et une légère diminution de la force musculaire dans les trois mois suivant l'intervention, ces complications n'ont pas persisté. Il n'y avait par ailleurs aucune différence dans les résultats un et deux ans après l'intervention chirurgicale.

Désormais, l’objectif de l’équipe de recherche est de lancer un essai STABILITY 2 afin de comparer les constructions du ligament croisé antérieur avec ou sans ténoplastie extra-articulaire externe sur deux autres types de tendons : celle du tendon rotulien et celle du tendon quadriceps. "Notre objectif est de déterminer si le choix de la greffe influe sur l'issue du patient et si la ténoplastie extra-articulaire externe peut être utilisée avec l'un ou l'autre de ces choix. En fin de compte, nous espérons permettre aux patients de reprendre les activités qu'ils aiment le plus", conclut le médecin.