Ophtalmologie
80 jours : les délais de rendez-vous chez les médecins s’allongent encore
Selon une enquête inédite du ministère de la Santé, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un professionnel de santé ne cessent de s'allonger. On fait le point.
- xWavebreakmedia/iStock
Lorsque l’on souhaite consulter un médecin, qu’il s’agisse d’un dentiste, d’un gynécologue ou encore d’un médecin généraliste, mieux vaut s’armer de patience. C’est ce que met en lumière un rapport inédit de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) dévoilé lundi 8 octobre.
Jusqu’à 6 mois d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologiste
Pour le ministère de la Santé, le service des statistiques a interrogé entre juin 2016 et mai 2017, 21 700 personnes âgées de 20 à 71 ans. Pendant 3 mois, toutes ont été invitées à noter dans un carnet les délais entre leur prise de rendez-vous et le jour où le spécialiste les a reçus. Les résultats sont alarmants et très disparates en fonction des spécialités.
Quand il faut en moyenne patienter 21 jours pour consulter un radiologue ou 22 jours pour un pédiatre, les délais deviennent interminables pour obtenir un rendez-vous chez d’autres spécialistes : 28 jours pour un chirurgien-dentiste, 44 pour un gynécologue, 50 pour un cardiologue, 61 pour le dermatologue et 80 pour faire ausculter sa vue chez l’ophtalmologiste. Les délais sont parfois encore bien plus longs. Ainsi, révèle la DREES, 10% des patients doivent attendre plus de 189 jours avant d’obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste, soit plus de 6 mois.
Quelle que soit la spécialité, l'attente est cependant nettement réduite "lorsque la demande de rendez-vous fait suite à l'apparition ou à l'aggravation de symptômes", détaille la DREES. Ainsi, la moitié des consultations ont alors lieu sous 8 jours chez le dentiste et sous 9 jours chez le gynécologue.
Professionnels de santé de proximité, les médecins généralistes ne sont pas épargnés par ces longs délais d’attente. Pour se rendre enfin dans leur cabinet, les patients doivent en moyenne attendre 6 jours après avoir appelé. Heureusement, dans 49% des cas, le rendez-vous est obtenu en moins de 2 jours. En cas d’urgence, les médecins continuent de recevoir les patients le jour-même de leur appel.
De fortes disparités géographiques
Comment expliquer ces délais d’attente parfois faramineux pour consulter un médecin spécialiste ? La désertification médicale y est pour beaucoup. Là encore, tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne. Si dans certaines régions, les délais restent mesurés avant d’obtenir un rendez-vous médical, ils explosent littéralement dans les zones où la demande est forte et la densité de médecins faible.
Ainsi, s’il est généralement plus simple de prendre rendez-vous chez un ophtalmologue à Paris ou en proche banlieue avec un délai d’attente de 29 jours en moyenne, il faut parfois patienter 3 fois plus longtemps (97 jours) dans les "petits ou moyens pôles" comme les sous-préfectures. "C’est dans les couronnes rurales des grands pôles, dans les communes hors influence des pôles et dans les périphéries des petits et moyens pôles que l’accessibilité aux médecins est la plus faible (…) et que les délais d’attente sont parmi les plus longs", écrit la DREES dans son rapport, citée par Le Monde.
Une nécessaire réorganisation de l’offre de soins
Si les patients sont souvent résignés face à ces longs délais et s’en satisfont, deux spécialités font figure de sacrifiées : l’ophtalmologie, où les délais sont considérés comme "trop longs" dans 39% des cas et la dermatologie où la prise de rendez-vous est considérée comme difficile pour près d’un patient sur deux (46%).
Pour en finir avec l’allongement des délais d’attente, les spécialistes en appellent à une réorganisation de l’offre de soins. L’an dernier, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) a lancé une grande campagne "Zéro délai en 2022" afin de sensibiliser les candidats à la présidentielle à la pénurie d’ophtalmologistes et proposer des mesures concrètes pour y remédier. Parmi les solutions envisagées, l’augmentation du nombre d’internes formés pour compenser les départs à la retraite. Actuellement, pour 250 départs à la retraite chaque année, seuls 150 nouveaux ophtalmologistes sont prêts à prendre la relève. Cette campagne a aussi été l’occasion pour le SNOF d’interroger les Français sur les meilleurs moyens de résorber les délais d’attente. Les solutions plébiscitées ? Une meilleure gestion des rendez-vous avec des créneaux réservés aux cas prioritaires ou encore l’adoption d’une "carte médicale" pour inciter les ophtalmologistes à s’installer dans les zones désertifiées.








