Neurologie
Sclérose en plaques : nouvelle piste dans les formes progressives
Une molécule déjà ancienne démontre sa capacité à ralentir la perte de volume cérébral dans les formes progressives de la sclérose en plaques.
- ralwel/epictura
Dans un essai multicentrique de phase II, l'ibudilast est associé à une réduction relative de 48% du taux de diminution de l'atrophie cérébrale mesurée par la numération parenchymateuse cérébrale (FBP) sur 96 semaines (P = 0,04), selon des données présentées par Robert Fox, de la Cleveland Clinic au congrès de l’ECTRIMS, qui vient de s’achever à Paris.
Ibudilast : une molécule ancienne
L’ibudilast est une molécule utilisée depuis 1989 au Japon dans l'asthme bronchique et les vertiges post-AVC. Des études récentes ont montré qu'il pourrait permettre de réduire l'atrophie dans la SEP récurrente-rémittente.
Ses mécanismes d’actions sont variés : il serait à la fois inhibiteur de la migration des macrophages, inhibiteur de la phosphodiestérase-4 (PDE-4) et de la 10 (PDE-10), et inhibiteur du récepteur de type toll 4 (TLR4). Des modèles animaux ont également suggéré qu'il pourrait être neuroprotecteur.
Une étude multicentrique
SPRINT-MS est une étude en double aveugle de phase II, réalisée dans 28 centres aux Etats-Unis, sur 255 malades atteints d’une forme progressive, primaire ou secondaire, de SEP. L’âge moyen des malades est de 56 ans. Tous les patients avaient des signes de progression de leur handicap au cours des deux années précédentes.
Ils ont été randomisés entre ibudilast (jusqu'à 100 mg/jour) ou placebo et ont été suivis pendant 96 semaines. Le critère principal était la modification annuelle de l'atrophie cérébrale mesurée par la fraction parenchymateuse cérébrale (BPF), et les critères secondaires incluaient le taux de transfert de magnétisation (MTR) - une mesure du tissu normal - et l'imagerie en tenseur de diffusion (DTI).
Des résultats intéressants
Un total de 244 patients ont été analysés en intention de traiter pour les analyses d'efficacité : les chercheurs ont présenté à Paris les résultats avec une réduction significative de 48% du taux d’atrophie cérébrale sous ibudilast par rapport au placebo.
Pour les critères d'évaluation secondaire, le traitement par ibudilast est associé à une réduction de 77% à 82% du déclin du MTR, avec de meilleurs résultats pour le tissu cérébral normal et la substance grise.
Il n’y a pas de différence significative sur les résultats de l’IRM en tenseur de diffusion. Les analyses des données sur l'OCT sont en cours, de même que l'évaluation sur les résultats cliniques et d'autres analyses de sécurité.
Tolérance correcte
Certains événements indésirables sont plus fréquents avec l'ibudilast, en particuliers des problèmes gastro-intestinaux (41% vs 20% sous placebo) tels que nausées, diarrhées et douleurs abdominales, ainsi qu'une plus grande proportion de dépression (9% vs 3%), différences qui sont significativement plus fréquentes.
Les éruptions cutanées (9% vs 4%) et la fatigue (5% vs 1%) sont également plus fréquentes sous ibudilast. Mais il n'y a aucune différence entre l’ibudilast et le placebo pour les événements indésirables sévères (10 et 12 cas respectivement) ou la tolérance globale (en particulier concernant les infections opportunistes ou les tumeurs malignes).
Fox RJ et al "SPRINT-MS/NN 102 phase II trial of ibudilast in progressive MS: top-line results" ECTRIMS-ACTRIMS 2017; Abstract 278. ECTRIMS-ACTRIMS 2017, Paris








