Cardiologie

Fibrillation atriale : la thyroxine libre augmente le risque de 45%

Chez des patients euthyroïdiens, une thyroxine libre dans le quartile supérieur des taux normaux augmente de 45% le risque de fibrillation atriale

  • John rowley/Mood Boar/REX/SIPA
  • 27 Octobre 2017
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    Selon une nouvelle analyse sur 11 études prospectives, des taux élevés de thyroxine libre (FT4), tout en restant dans les limites de la normale, sont associés à un risque accru de fibrillation atriale incidente chez les personnes euthyroïdiennes. Cependant, un taux élevé de TSH dans les limites de l’euthyroïdie ou de l’hypothyroïdie infraclinique n’est pas associé à une augmentation du risque de FA. C’est ce qui ressort d’une étude parue dans la revue Circulation.

    Analyse des données individuelles de 11 études

    Les chercheurs ont examiné les données individuelles de 30 085 patients, âgés de 40 ans ou plus (âge médian 69), dans 11 études prospectives de cohorte. Parmi ceux-ci, 1958 (6,5%) ont une hypothyroïdie infraclinique à l’inclusion et 2574 (8,6%) ont développé une fibrillation atriale au cours d’un suivi de 278 955 années-patient.

    La plage de référence pour la TSH était de 0,45-4,49 mUI / L et pour FT4 était basée sur les seuils spécifiques à l'étude. Par rapport au quartile inférieur du FT4 dans la fourchette normale, le risque de FA augmente de 17% dans le deuxième quartile (hazard ratio 1,17, IC 95% 1,02-1,35), de 25% dans le troisième quartile (HR 1,25, IC 95% 1,09-1,43) et de 45% dans le quartile supérieur (HR 1,45, IC à 95% 1,26-1,66), y compris après ajustement pour l'âge et le sexe. Des résultats qui ont été confirmés dans les analyses multivariées.

    La thyroxine libre plus sensible que la TSH

    L'augmentation des taux de FT4 est associée à un risque de fibrillation atriale plus élevé chez les 1146 patients traités par L-thyroxine, dont la plupart ont un taux de FT4 dans le quartile le plus élevé. Cependant, leur nombre relativement faible empêche une interprétation significative du risque de fibrillation atriale associé aux taux de FT4 chez les patients sous L-thyroxine, l'un des médicaments les plus fréquemment prescrit.

    Aucune association n’est trouvée dans les analyses ajustées selon l'âge et le sexe entre le risque de fibrillation atriale et les niveaux de TSH dans la fourchette de référence pour l’euthyroïdie ou pour l'hypothyroïdie subclinique.

    En pratique

    Il est connu que l'hyperthyroïdie avérée et l'hypothyroïdie infraclinique sont associées plus fréquemment à la fibrillation auriculaire, mais ce qui est nouveau dans cette étude, c'est que c'est la thyroxine libre et non la TSH qui dicterait le risque de fibrillation atriale chez les personnes euthyroïdiennes.

    Ces résultats concordent avec les données de deux études récentes sur le même type de population, y compris le récent rapport de l'étude de Rotterdam montrant un risque accru de fibrillation atriale avec des niveaux de FT4 plus élevés dans la plage euthyroïdienne, en particulier chez les personnes de moins de 65 ans.
    Alors que la TSH est généralement le premier test utilisé pour évaluer la fonction thyroïdienne et est considéré comme plus sensible que la FT4, la TSH est en réalité plus un marqueur des effets hypophysaires de la fonction thyroïdienne, alors que la FT4, qui est convertie en triiodothyronine, est plutôt un effecteur avec une action directe sur les organes cible.
    La thyroxine-libre a donc une fonction probablement plus directe sur le cœur que la TSH, ce qui expliquerait cette association entre le taux de thyroxine et la fibrillation atriale.

    Au final, la thyroxine libre pourrait être utile pour évaluer le risque de fibrillation atriale, mais pour le moment il n’est pas possible de recommander de mesurer la thyroxine libre car nous ne savons pas encore ce que nous pouvons faire pour réduire le risque de fibrillation atriale dans cette population.

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