Pneumologie
Les réseaux sociaux : acteur clé dans l'usage de e-cigarettes et cannabis par les adolescents.
L’impact des réseaux sociaux sur la consommation de cannabis et de e-cigarettes sur les adolescents californiens est important et reste ambivalent . Un vide juridique serait à combler pour mieux réguler les messages proposés aux jeunes. D’après un entretien avec Jérémy CHARRIOT.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans le JAMA Network, a cherché à savoir si l’exposition des adolescents à des contenus liés à la cigarette électronique et au cannabis sur les réseaux sociaux est liée à leur usage de ces substances, conjointe ou non. Deux volets d’études ont été menés auprès de lycéens en Californie, qui ont rempli des questionnaires sur ordinateur en classe : une étude longitudinale (étude 1, de 2021 à 2022) et une étude transversale (étude 2, à l'automne 2023). Dans l’étude 1, l’exposition de départ portait sur la fréquence de visionnage de publications sur les réseaux sociaux concernant la cigarette électronique et/ou le cannabis. Dans l’étude 2, l’exposition concernait des publications similaires, mais en provenance de sources spécifiques : amis, célébrités, micro-influenceurs, marques de produits de vapotage ou de cannabis, ou encore sources non identifiées. Le critère principal de l’étude 1 était l’initiation, un an plus tard, de la cigarette électronique, du cannabis ou à une consommation combinée, chez les élèves qui n’avaient pas encore consommé ces produits au départ. Dans l’étude 2, le critère principal était l’usage de ces substances au cours des 30 derniers jours. Au total, 7 612 adolescents ont été inclus.
Un outil à double tranchant
Le docteur Jérémy CHARRIOT, praticien hospitalier, tabacologue, dans le service de pneumo-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique qu’il est dans l’air du temps d’essayer de prouver l’hypothèse que les réseaux sociaux et le influenceurs peuvent avoir un lien avec la consommation de e-cigarette et de cannabis. Il souligne que ce travail a été réalisé en Californie, où l’usage du cannabis est légal, ce qui n’est pas le cas en France. Il rappelle qu’ne étude de ce type avait déjà été réalisée sue la population adulte. Ce travail cible les lycéens mais présente quelques limites : les sujets inclus répondent à des questionnaires sur des tablettes ce qui peut provoquer un biais de report et établir un lien de causalité associé aux réseaux sociaux nécessite des travaux à grande échelle. Jérémy CHARRIOT explique que les réseaux sociaux représentent un outil à double tranchant. Des messages de prévention sont diffusés via les réseaux sociaux mais la sélection des algorithmes peut entrainer la population vers des messages contradictoires, qui n’ont rien de messages de prévention. La consommation peut être liée à ne précédente exposition à des vidéos. Cette association est un peu moins forte avec la e-cigarette qu’avec le cannabis
Une grosse brèche juridique
Jérémy CHARRIOT précise que les réseaux sociaux sont utilisés au quotidien mais sont en retard par rapport aux Big Tobacco. En France, les influenceurs sont payés par les cigarettiers et le producteurs de e-cigarettes. Ils font du placement de produit sans vraiment connaitre la législation, ce qui provoque une important brèche juridique. Jérémy CHARRIOT explique que cette étude comporte eux volets : l’évaluation des sujets qui ne consommaient pas sur une année mais fréquemment exposés aux réseaux sociaux avec apparition d’une consommation ou d’une co-consommation et la recherche de la source qui a amené à consommer le mois précédent et des influenceurs à l’origine de la consommation. Il souligne que certains réseaux sociaux sont plus à même de montrer des messages : c’est surtout TikTok, car ils sont en roue libre, Instagram étant plus règlementé. Il regrette de ne pas pouvoir faire d’étude prospective sur le sujet.
En conclusion, même si ce travail n’est pas transposable en France en raison de la non légalisation du cannabis, l’impact des réseaux sociaux sur la consommation de e-cigarettes et cannabis sur les jeunes est majeur et nécessiteraient un régulation pour évier leur utilisation à double tranchant…