Oncologie
Inhibiteurs du checkpoint : des cas de connectivites induites
Lors du traitement d’un cancer par un inhibiteur du checkpoint, la poussée ou l’apparition d’une maladie auto-immune, type connectivite, est rapportée dans un très petit nombre de cas.
- Andreus/Epictura
Pour la première fois, l’analyse d’un registre de patients atteints de cancers objective des cas de connectivites survenant sous traitement par un inhibiteur du checkpoint. Les auteurs estiment à 0,7% la prévalence de ces connectivites induites.
L'estimation provient d'un registre prospectif de patients traités par traités par des inhibiteurs du check-point à l'Institut Gustave Roussy. Les résultats sont publiés on line dans Annals of the Rheumatic Disease.
4 cas de connectivites sur 447 malades traités
Quatre cas de connectivites sont rapportés sur les 447 malades traités par inhibiteurs du checkpoint dans le registre de Gustave-Roussy, à Villejuif.
Il y a 2 cas de syndrome de Gougerot-Sjögren associés à un anti-PD1, un cas de vascularite cryoglobulinémique, comme complication d'un syndrome de Gougerot-Sjögren probable chez un patient prenant un anti-PDL1, et un cas de myosite avec anticorps antinucléaires positifs chez un malade prenant un inhibiteur de PD-L1.
La prévalence pourrait aussi être plus basse parce qu'un de ces patients a reçu une association d'inhibiteurs du checkpoint (nivolumab et ipilimumab), association qui est connue pour majorer le risque d’événements indésirables de type immunitaire. Mais elle pourrait aussi être plus élevée, car certains des patients qui avaient des anticorps antinucléaires positifs, ne se plaignaient pas de signes évocateurs de connectivites.
Une analyse rétrospective
L'équipe de Gustave Roussy a recherché des anticorps antinucléaires dans des échantillons de sérum qui avaient été recueillis avant l'initiation de l'inhibiteur du checkpoint.
Trois cas testés étaient des patients à l'Institut Gustave Roussy, le quatrième provenait d'un autre centre. Ces 4 malades avaient des anticorps antinucléaires positifs et deux patients avaient des anticorps plus spécifiques du syndrome de Gougerot-Sjögren, malgré l'absence de signes cliniques évocateurs.
Parmi les quatre malades atteints de maladies auto-immunes, aucun n'avait de signes apparents avant l'initiation des inhibiteurs du checkpoint.
Des maladies auto-immunes gérables
L'âge moyen des malades est de 62 ans et tous les patients ont une maladie métastatique. Trois des patients sont des femmes. Deux d'entre eux ont reçu des agents anti-PD1 et deux, des agents anti-PDL1.
L'intervalle de temps moyen entre la première perfusion d'inhibiteur de point de contrôle et le premier symptôme de la connectivite est de 60 jours (plage de 24 à 72 jours). L'intervalle de temps moyen entre le premier symptôme et le diagnostic de la maladie du tissu conjonctif est de 40 jours (intervalle de 10 à 74 jours). L'inhibiteur du checkpoint a été interrompu chez trois patients, et deux malades ont été traités avec succès par des corticoïdes.
En pratique
Les inhibiteurs du checkpoint ont un impact majeur sur le traitement du cancer et sont maintenant utilisés dans plusieurs types de cancer, comme le mélanome, le cancer du poumon, le cancer de la tête et du cou, le cancer de la vessie et le lymphome.
En plus de ralentir la progression du cancer chez de nombreux malades, ces agents peuvent causer une série d'effets secondaires de type immunitaire, y compris des pneumonies, des colites, des hypothyroïdies et des hépatites, ainsi que des affections inflammatoires de l'hypophyse, de la peau, de l'œil, du rein, du pancréas et du système neurologique.
Récemment, des poussées de rhumatismes inflammatoires préexistants ont été signalées chez des malades traités par des anti-PD1 (Ann Oncol, 2016 Sep 29), mais des connectivites n’avaient pas été encore signalées chez les patients traités par des agents anti-PD1/PDL1.
Ces résultats soulèvent la question du dépistage des patients asymptomatiques à risque d'effets indésirables d'origine auto-immune, dépistage qui pourrait être basé sur le dosage des anticorps antinucléaires en cas d’antécédents évocateurs.
Le phénomène est donc rare mais souligne la nécessité d'une collaboration plus étroite entre les oncologues et les médecins spécialistes des connectivites.








