Gastroentérologie

Maladie de Crohn : certaines bactéries spécifiques font le lien entre la colite et l'arthrite

Un type particulier de bactéries intestinales retrouvé dans certaines maladies de Crohn peuvent avoir un effet pro-inflammatoire systémique à l’origine des arthrites.

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  • 09 Février 2017
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    Certaines souches d'Escherichia coli, qui ne représentent généralement qu'une petite proportion de la flore bactérienne dans les intestins, semblent capables de déclencher des signes articulaires inflammatoires chez les patients souffrant de la maladie de Crohn.

    Une étude du microbiote intestinal

    Dans une étude parue dans Science Translationnal Medicine, une équipe a analysé le microbiome fécal de malades souffrant de maladie de Crohn, avec ou sans manifestations articulaires.

    En couplant le tri des bactéries revêtues d'immunoglobuline A (IgA) avec une analyse basée sur l’ARN ribosomique 16S (IgA-seq), les chercheurs ont révélé une surreprésentation des bactéries Escherichia coli enrobées d'IgA chez des patients atteints à la fois de spondylarthrite associée et d’une maladie de Crohn, par rapport aux malades qui ont une maladie de Crohn sans signes articulaires. Ces bactéries Escherichia coli enrobées d'IgA sont génotypiquement et phénotypiquement similaires à des E. coli adhérentes et invasives (AIEC).

    Un rôle pathogène des bactéries en fonction du terrain

    Alors que le transfert de ces seules bactéries Escherichia coli enrobée d'IgA (AIEC) ne provoque pas de maladie intestinale chez la souris normale, l'introduction de ces souches spécifiques dans des modèles de souris avec arthrites provoque chez les rongeurs un gonflement articulaire plus prononcé par rapport aux animaux contrôles.

    Par comparaison aux E. coli non-AIEC, la colonisation de souris stériles par les E. Coli trouvées au cours des maladies de Crohn avec manifestations articulaires induit une réponses lymphocytaire T helper CD17 (Th-17) dans la muqueuse intestinale, qui requiert cependant une augmentation de la virulence par une enzyme propanediol dehydratase. Cette réponse est encore plus sévère en cas de déficit en interleukine 10 ou chez les souris immunologiquement modifiées K/BxN.

    En pratique

    Une spondylarthropathie affecte jusqu'à une personne sur 5 en cas de maladie inflammatoire de l'intestin, comme la maladie de Crohn, mais les scientifiques avaient encore du mal à comprendre comment une inflammation dans les intestins pouvait conduire à une inflammation articulaire chez les patients qui ont les 2 maladies.

    Certaines souches d'Escherichia coli, des souches adhérentes et invasives, qui ne représentent généralement qu'une petite proportion de la flore bactérienne dans les intestins, semblent capables de déclencher des réactions immunitaires Th-17 et des arthrites chez les patients atteints de la maladie de Crohn. Cette réaction TH-17 ne semble possible dans les modèles de souris qu’en cas de prédisposition génétique (présence de certains enzymes, déficit en IL-10….). Il doit en être de même chez l’homme : les bactéries capables de favoriser les signes articulaires ne causeraient des maladies que dans des conditions environnementales particulières ou chez des sujets avec des prédispositions génétiques.

    Pris ensemble, les résultats suggèrent que l’analyse du microbiome intestinal et la recherche de certains types de bactéries avec un couplage IgA-Ribosome 16S pourraient être utilisés comme un outil prédictif pour aider à déterminer quels patients souffrant de la maladie de Crohn pourraient le plus bénéficier des nouveaux traitements immunomodulateurs.

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