Pneumologie
Asthme : augmentation même longtemps après un pic de pollution intense
L’étude des effets du pic de pollution extrême survenu à Londres en 1952 sur des enfants âgés de moins d’un an montre que cet événement a entraîné une augmentation de l’incidence de l’asthme dans les décennies suivantes.
- CHINE NOUVELLE/SIPA
Du 5 au 9 décembre 1952, un épais brouillard jaune envahissait Londres et sa région. Cet épisode de pollution intense connu depuis sous le nom de « Great London Smog » était dû à des conditions climatiques particulières associées à une très importante combustion de charbon. Les habitants étaient exposés à 3000 µg/m3 de petites particules (PM10) pendant quatre jours, une concentration environ 30 fois supérieure à celle des pics de pollution que nous avons vécue en France ces derniers mois.
La pollution de 1952 est d’ailleurs différente de celle que l’on vit actuellement ; elle était d’origine industrielle, riche en acide sulfurique et en sulfates alors que maintenant, elle contient surtout des dérivés de l’oxyde d’azote. On estime que le Great Smog a été responsable d’environ 12 000 décès au cours des deux mois qui ont suivi. Cependant, la relation entre cet événement et la survenue d’asthme à plus long terme n’avait pas encore été rapportée.
20 % d’asthme en plus
Des chercheurs américains ont utilisé cette période de pollution extrême pour réaliser une étude sur les enfants et les femmes enceintes qui ont été exposés en décembre 1952. Leur objectif était de déterminer si une exposition à une pollution atmosphérique extrême in utero ou tôt après la naissance a une influence sur le développement d’un asthme plus tard au cours de la vie. Ils se sont intéressés aux enfants nés entre 1945 et 1955 à Londres et à l’extérieur de la ville (n = 2 916) et ont observé l’incidence de l’asthme dans cette population avant l’âge de 15 ans.
Les résultats montrent que pour les enfants exposés au pic de pollution au cours de la première année de leur vie, on observe une augmentation statistiquement significative de l’incidence de l’asthme avant 15 ans de 19,87 % (IC 95 %, 3,37-36,38). A l’âge adulte, l’augmentation de l’asthme est de 9,53%, mais elle n’est pas significative (IC 95 %, -4,85-23,91). L’exposition au Great Smog in utero est associée à une augmentation non significative de 7,91 % (IC 95 %,-2,39-18,20) de l’asthme avant 15 ans.
Une des limitations de cette étude réside dans la faible taille de l’échantillon disponible. Seulement 57 sur un total de 418 participants vivant à Londres à la période étudiée étaient in utero (n = 42) et avaient moins d’un an (n = 15). Cette étude montre néanmoins les effets à long terme d’une exposition à la pollution de l’air au début de la vie sur l’incidence de l’asthme et la santé respiratoire.
D’après un entretien avec le Pr Bruno Housset, pneumologue, CHIC de Créteil

Sloan CD, Johnston JD. Can Extreme Air Pollution Events Provide a Window into Incident Asthma, 2016;








