Oncologie
Cancer du sein : des altération cognitives fréquentes et prolongées
La plus grande étude à ce jour sur les altérations cognitives au cours du cancer (« Chemo-Brain ») montre que les femmes souffrant d’un cancer du sein considèrent que c'est un problème fréquent après la chimiothérapie et que cela peut durer jusqu'à six mois après.
- Kzenon/epictura
Dans une étude sur plus de 900 femmes parue dans JCO, des chercheurs ont constaté que, comparativement aux personnes en bonne santé, les évaluations objectives (scores FACT-Cog) des femmes atteintes de cancer du sein montrent un déficit cognitif 45% plus important après la chimiothérapie.
Sur une période de près d'un an (du diagnostic et de la pré-chimiothérapie à la période de post-chimiothérapie avec un suivi à six mois), 36,5 % des femmes signalent une baisse des scores comparativement à 13,6 pour cent des femmes en bonne santé.
Une large étude dans le cancer du sein
Une équipe de l’Université de Rochester a comparé les difficultés cognitives chez 581 femmes souffrant d'un cancer du sein et traitées dans différents hôpitaux à travers les Etats-Unis (48% de chimiothérapies à base d’anthracyclines), à celles de 364 personnes appariées et en bonne santé. L'âge moyen était de 53 ans à l'inclusion dans les deux groupes.
Les chercheurs ont utilisé un outil d'évaluation spécialisé, appelé FACT-Cog, une échelle validée qui examine le déficit cognitif perçu par une personne ainsi que par l'entourage. Leur but était de découvrir si un déficit cognitif existait, s’il persistait, et de le corréler éventuellement avec un certain nombre de facteurs tels que l'âge, l'éducation, la race et le statut ménopausique…
Des questions pertinentes
Les altérations cognitives liées au cancer comprennent des problèmes de mémoire, d'attention et de traitement de l'information, et elles sont un problème important pour les malades.
Pourtant, les études qui existantes avaient de nombreuses limitations, en particulier elles avaient porté sur des populations très hétérogènes et les chercheurs ne savaient pas précisément quand et pourquoi elles se développent et quelles sont les malades qui sont les plus susceptibles d’en souffrir.
Des altérations cognitives qui se prolongent
Dans l’étude de Rochester, et par rapport aux témoins, les femmes malades ont des difficultés cognitives significativement plus fréquentes sur l’échelle FACT-Cog qui vont de la période avant la chimiothérapie jusqu’à 6 mois après la chimiothérapie (p<0.001).
Au début de la maladie, les femmes qui ont un cancer du sein ont plus d'anxiété et de symptômes dépressifs, ce qui impacte les scores FACT-Cog à ce stade. Mais un déclin cognitif significatif est objectivé entre la période avant et juste après la chimiothérapie (45.2% vs 10.4%), ainsi que entre la période avant la chimiothérapie et 6 mois après (36.5% v 13.6%).
D'autres facteurs influencent le déclin cognitif : l'âge plus jeune et la race noire.
Par contre, le type de polychimiothérapie ne semble pas avoir une influence particulière, de même que le traitement hormonal et la radiothérapie après la chimiothérapie.
En pratique
Il s'agit de l'une des plus importantes études à l’échelle nationales à ce jour et elle montre que les problèmes cognitifs associés au cancer sont un problème fréquent et persistant chez les femmes souffrant de cancer du sein.
L'analyse de ces données se poursuit dans le contexte des mesures cognitives objectives afin de comprendre quels mécanismes biologiques pourraient augmenter ce risque.








