Infectiologie
Les antibiotiques pourront-ils encore nous sauver dans 20 ans ?
Les infections sanguines dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient exploser en Europe dans les décennies à venir, selon une étude. Les plus touchés seraient les seniors et les hommes, trop souvent ignorés dans les projections actuelles.
- Par Stanislas Deve
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- Fahroni / istock
Les infections sanguines dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques pourraient connaître une forte hausse en Europe d'ici 2030, selon une étude britannique parue dans PLOS Medicine. Cette augmentation serait largement due au vieillissement de la population.
Un fardeau inégal selon l'âge, le sexe et le pays
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine ont analysé plus de 12 millions de tests sanguins réalisés dans 29 pays européens entre 2010 et 2019. En combinant ces données à des projections démographiques jusqu'à 2050, ils ont prédit l'évolution de l'incidence des infections sanguines résistantes. Leur modèle montre une hausse marquée des cas chez les hommes dans six des huit types de bactéries étudiés, et surtout chez les personnes de plus de 74 ans.
"Notre étude montre que le fardeau futur des infections résistantes ne sera pas uniforme, préviennent les auteurs dans un communiqué. Nous observons les hausses les plus importantes chez les personnes âgées, en particulier les plus de 65 ans. Empêcher une augmentation supplémentaire serait déjà un franc succès pour la santé publique."Des objectifs internationaux difficiles à atteindre
Malgré des interventions sanitaires ambitieuses, les chercheurs estiment qu'une réduction de 10 % des infections résistantes d'ici 2030 (objectif fixé par l'ONU) ne sera possible que pour environ deux tiers des combinaisons bactérie-antibiotique. Ignorer les facteurs comme l'âge et le sexe dans les modèles actuels, ce serait sous-estimer l'ampleur du problème à venir.
"Ce que nous avons trouvé le plus intéressant, c'est de relier différents types de données pour dresser un panorama global, ajoutent les scientifiques. L'âge et le sexe sont encore rarement pris en compte dans les projections de résistance aux antimicrobiens, alors qu'ils influencent vraiment les populations les plus touchées."Pour les auteurs, "c'est une avancée majeure pour comprendre comment l'âge et le sexe influenceront la charge des infections résistantes dans les années à venir. Cela permettra de cibler les interventions sur les populations les plus à risque, afin de réduire la mortalité et la morbidité."







