Habitudes
Écrans et collation avant de dormir : pas si néfaste pour le sommeil des ados ?
Les adolescents utilisent presque tous leurs écrans, mangent et parfois font du sport avant de dormir. Contrairement aux idées reçues, ces habitudes n’affectent pas autant leur sommeil qu’on le pensait, selon des chercheurs.

- Par Stanislas Deve
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Les consignes sont bien connues : pas d’écrans, pas de sport, pas de grignotage dans l’heure qui précède le coucher. Mais une étude néo-zélandaise menée par l’Université d’Otago remet en cause la sévérité de ces recommandations. Publiée dans la revue Pediatrics Open Science, elle révèle que la grande majorité des adolescents ne respecte pas ces règles… et que leur sommeil n’en est pas forcément perturbé.
Un impact limité sur le sommeil
Pour observer concrètement le comportement des jeunes, 83 adolescents âgés de 11 à 15 ans ont été suivis pendant huit nuits, équipés de caméras corporelles et de capteurs de sommeil. Résultat : 99 % ont utilisé des écrans avant de se coucher, 63 % ont pris une collation et 22 % ont pratiqué une activité physique. "Il est très courant que les jeunes utilisent des écrans, assez fréquent qu’ils mangent un peu, mais beaucoup plus rare qu’ils fassent de l’exercice avant de dormir", note Chao Gu, doctorante en médecine et autrice principale de l’étude, dans un communiqué de l'université, repéré par le site New Atlas.
Contrairement aux idées reçues, ces comportements n’ont pas entraîné de perturbations majeures. Les écrans ont retardé l’endormissement d’environ 23 minutes, mais n’ont pas affecté la durée ou la qualité globale du sommeil. L’exercice, peu fréquent, s’est même associé à une trentaine de minutes supplémentaires de sommeil. Quant aux collations, même sucrées ou caféinées, elles n’ont montré aucun effet significatif. "Ceux qui suivaient les règles ne présentaient guère de différences avec les autres", souligne la chercheuse.
Des recommandations trop strictes ?
Les scientifiques rappellent que ces règles "ni écran ni sport ni en-cas" reposent avant tout sur des questionnaires et non sur des mesures objectives. "Le sommeil est crucial pour le développement des adolescents, mais il y a trop peu d’études qui ont évalué l’impact réel des comportements pré-coucher avec des outils fiables", insiste Chao Gu. Les résultats suggèrent donc qu’un assouplissement des recommandations pourrait être envisagé, en privilégiant l’équilibre et la modération plutôt qu’une interdiction stricte.
L’équipe poursuit actuellement une étude élargie auprès des 10-15 ans pour confirmer ces observations et fournir des conseils plus adaptés. Adapter les règles à la réalité des jeunes pourrait en effet être la clé d’un sommeil de meilleure qualité… sans culpabiliser inutilement les familles.