Enquête
Dépression post-partum : pourquoi encore un tel tabou ?
Malgré une parole qui se libère, la dépression post-partum reste mal connue et insuffisamment prise en charge, surtout chez les femmes de plus de 35 ans, selon une récente enquête.

- Par Stanislas Deve
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Alors que la parole sur la dépression post-partum semble se libérer, de nombreuses femmes continuent de souffrir en silence. Une récente enquête menée par Qare et OpinionWay, repérée par le site Parents.fr, révèle que près d’une mère sur dix est touchée par un trouble dépressif après la naissance de leur enfant. Et pourtant, le sujet reste encore méconnu, voire tabou, notamment chez les femmes de plus de 35 ans.
Une meilleure reconnaissance, mais des lacunes persistantes
Si la dépression post-partum est aujourd’hui plus facilement abordée qu’il y a quelques années, 16 % des mères de plus de 35 ans déclarent ne pas savoir de quoi il s’agit, contre seulement 5 % des mamans plus jeunes. Et pour cause, les jeunes femmes trouvent plus facilement l’information et osent demander de l’aide, souligne l’enquête, mettant en lumière une fracture générationnelle.
La parole se libère donc, certes, mais de manière inégale. Si 73 % des mères et 54 % des pères abordent aujourd’hui le sujet, c’est principalement dans la sphère privée. Les jeunes mamans (moins de 30 ans) se montrent les plus enclines à se confier (72 %), alors que seules 54 % des mères plus âgées franchissent le pas. Chez les pères, la situation est plus préoccupante : un sur trois avoue être mal informé, et près d’un sur dix dit avoir honte d’en parler.
Le corps, grand oubli du post-partum
Chaque année, environ 80.000 femmes traversent un épisode dépressif post-partum, soit 10 % des mères, un chiffre en hausse par rapport à 2021 (7 %). Et au total, plus d’un tiers des mères (35 %) déclarent avoir connu des difficultés psychiques après l’accouchement. Selon une autre étude publiée par Santé publique France en juillet 2025, ce serait même près de trois femmes sur dix qui présentent des signes de dépression post-partum. Le recours aux soins reste très inégal : les femmes issues de milieux favorisés consultent 2,5 fois plus un professionnel de santé mentale (20 % contre 8 %).
Autre enseignement de l'étude : la santé mentale commence à être visibilisée, mais le corps, lui, reste souvent passé sous silence. Chute de cheveux, troubles du sommeil, douleurs intimes... : de nombreuses mères disent avoir du mal à en parler, même à leur médecin, révèle l’enquête. Un tabou qui alourdit encore la solitude postnatale. Les experts insistent donc sur la nécessité d’une meilleure information, d’un accompagnement précoce et d’une approche globale de la santé post-partum.