Dermatologie

Eczéma : un risque plus élevé de pensées suicidaires chez les patients

Les adultes atteints de dermatite atopique sont plus susceptibles d’avoir des idées suicidaires.

  • Evgeniia Gordeeva/iStock
  • 22 Septembre 2025
  • A A

    Démangeaisons, rougeurs, croûtes, sécheresse cutanée… L’eczéma, qui se manifeste par ces symptômes, est une maladie inflammatoire chronique de la peau, non contagieuse, qui évolue par poussées. Elle touche principalement les nourrissons et les enfants mais peut persister à l'adolescence et à l'âge adulte, selon l’Assurance Maladie. Dans une nouvelle étude, présentée au congrès de l’Académie européenne de dermatologie et de vénéréologie (EADV), des chercheurs se sont intéressés à l’impact de la dermatite atopique sur la santé mentale, car celui-ci est de plus en plus reconnu. En effet, de nombreuses personnes souffrent d'anxiété, de dépression et de stigmatisation sociale, en plus des défis quotidiens liés à la gestion de leur maladie.

    Eczéma : 13,2 % des patients ont des idées suicidaires

    Lors des recherches, les auteurs ont interrogé 30.801 adultes dans 27 pays en 2024. Parmi eux, 15.223 étaient des adultes présentant un eczéma confirmé par un médecin, tandis que 7.968 personnes sans maladie cutanée ont servi de participants témoins. Les volontaires souffrant de dermatite atopique ont été regroupés selon l'âge d'apparition de la maladie (enfance, adolescence ou âge adulte). Ensuite, il leur a été demandé de remplir un questionnaire en ligne détaillé, rassemblant des informations sociodémographiques, des idées suicidaires autodéclarées, l'intensité des démangeaisons et des douleurs cutanées, la gravité des eczémas et le vécu de la stigmatisation liée à la peau.

    Les données ont montré que 13,2 % des participants touchés par l’eczéma ont déclaré avoir des idées suicidaires, contre 8,5 % des adultes sans dermatite atopique. Tous les sous-groupes de patients atteints d’eczéma, c’est-à-dire pour qui la maladie a débuté pendant l'enfance, l'adolescence ou l'âge adulte, couraient un risque plus élevé de pensées suicidaires que les participants témoins. Les jeunes adultes, en particulier ceux de moins de 30 ans, étaient plus susceptibles de faire état de pensées suicidaires tout comme les personnes obèses.

    Dermatite atopique et pensées suicidaires : quels sont les facteurs ?

    Par la suite, l’équipe a voulu identifier les principaux facteurs à l’origine de ce risque accru. Selon les résultats, les caractéristiques cliniques ont joué un rôle majeur. Les symptômes d’eczéma modérés à sévères doublaient le risque d'idées suicidaires. Les démangeaisons, les douleurs cutanées et une intensité globale élevée des symptômes étaient tous significativement associés à un risque accru. Les facteurs psychosociaux et liés au sommeil contribuaient également au risque. Les adultes ayant des idées suicidaires ont signalé une stigmatisation plus élevée et des troubles du sommeil plus fréquents, l'insomnie mixte (difficultés à s'endormir et à rester endormi) était notamment liée aux pensées suicidaires.

    "Ces travaux soulignent que les effets de l'eczéma atopique ne se limitent pas à l'apparence, les pensées suicidaires représentant une préoccupation grave et fréquente, souvent négligée par les professionnels de santé. (…) Pour l'avenir, nous étudions les raisons pour lesquelles les idées suicidaires se manifestent à des taux différents selon les pays, ce qui pourrait refléter d'importantes différences culturelles", ont conclu les scientifiques.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.