Infectiologie

Covid-19 : pas plus d’efficacité pour l’ivermectine à forte dose plus longtemps

Les études randomisées s’accumulent pour dire que l’ivermectine a été une perte de temps et d’argent dans la lutte contre la Covid-19. Quelle que soit la dose et la durée de traitement, cet antiparasitaire repositionné n’apporte aucun bénéfice contrairement à ce qui est encore affirmé par certains sur les réseaux sociaux.

  • HT Ganzo/istock
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  • 23 Mar 2023
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    Covid-19 Alors que nous entamons la quatrième année de la pandémie, la désinformation se poursuit sur les médias sociaux et l'intérêt pour l'ivermectine en tant que traitement de la Covid-19 reste élevé, malgré de nombreuses études négatives. En effet, ceux qui en font encore l’apologie évoquent la possibilité que les recherches réalisées soient passées à côté de l'efficacité de l'ivermectine parce que la dose testée dans ces études (environ 400 μg/kg par jour pendant 3 jours) était insuffisante.

    Une combinaison d'études de modélisation et une étude clinique de preuve de concept ont suggéré que des doses allant jusqu'à 600 μg/kg par jour pourraient permettre d’atteindre des taux sériques suffisants pour une activité antivirale in vivo. Mais le JAMA publie un nouvel essai, en double aveugle, randomisé versus placebo, sur le traitement des formes légères à modérées de la Covid-19 par l'ivermectine à une dose plus forte (600 μg/kg par jour) et plus prolongée (6 jours) que celle précédemment testée.

    À cette dose de traitement plus élevée et plus polongée, N l'ivermectine ne démontre aucun bénéfique dans le traitement de la Covid-19.

    Aucune efficacité de l’ivermectine quelle que soit la dose et la durée

    L'utilisation de l'ivermectine pour le traitement de la Covid-19 n'a pas complètement diminué, alimentée en partie par un refus d’utilisation des traitements efficaces développés par les « grands laboratoires », une confusion savamment entretenue par les réseaux sociaux, avec une désinformation active sur l'efficacité de l'ivermectine.

    Une méta-analyse Cochrane de 11 essais randomisés éligibles examinant l'efficacité de l'ivermectine pour le traitement de la Covid-19, publiée jusqu'en avril 2022, conclut que l'ivermectine n'a aucun effet bénéfique chez les personnes atteintes de la Covid-19. Depuis mai 2022, trois autres grands essais cliniques randomisés incluant plusieurs milliers de participants ont été publiés, chacun aboutissant à une conclusion similaire. Ce dernier essai, à plus forte dose et durée plus longue, vient clore le débat et dissiper les derniers doutes qui pouvait subsister chez les plus septiques.

    Réexpliquer la valeur de la Science et des études

    Aux doses et durées testées dans ces études, l'ivermectine ne semble pas être associée à des effets indésirables graves. Dans la présente étude, 1 participant est décédé et 4 ont été hospitalisés (0,8%) dans le groupe ivermectine versus 2 participants (0,3%) qui ont été hospitalisés dans le groupe placebo où il n'y a pas eu de décès.

    Les effets indésirables ont donc été rares dans les deux groupes. Cependant, un traitement bien toléré mais manquant d'efficacité peut toujours être dangereux, en particulier s’il conduit les patients à renoncer à d'autres traitements à l'efficacité prouvée, telles que les antiviraux spécifiques de la Covid-19, à l’efficacité validée, ou la vaccination contre le SARS-CoV-2, qui reste efficace pour réduire très significativement les hospitalisations et les formes sévères. L'ivermectine a été utilisée tout au long de la pandémie et continue de l’être et un éditorial associé souligne qu’il ne sera pas possible de s’en débarrasser et d’arrêter le gâchis des études inutiles avec cette molécule sans une intervention forte sur la désinformation qui a submergé les réseaux sociaux.

    La Science ne fait pas de politique mais quand la Politique et les réseaux sociaux s'emparent de la Science et favorisent la dissémination de croyances, au-delà de leur impact sur la santé publique, cela aboutit à dépenser des sommes considérables sur des études pour 2 molécules inefficaces, l'hydroxychloroquine et l'ivermectine, sommes qui auraient été bien mieux utilisées ailleurs.

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