Onco-sein
Cancer du sein RH+/HER2 : HER3, une nouvelle cible ?
Un nouvel anticorps conjugué, le patritumab deruxtecan, cible HER3 une protéine exprimée dans différents cancers et associée à une résistance aux traitements.
- Voyagerix/istock
HER3 est une protéine codée par le gène ERBB3, largement exprimée dans divers cancers et associée à une résistance aux traitements.
Le patritumab deruxtecan , un nouvel ADC HER3, a démontré une efficacité dans des études de phase 1 dans le cancer pulmonaire muté EGFR et résistant aux anti-EGFR (médiane de PFS de 8.2 mois et taux de réponse de 39%) et dans le cancer du sein métastatique prétraité, HER3 surexprimé (taux de réponse objective de 42,9 % et taux de contrôle de la maladie de 90,5 %).
Nouvelle cible dans le cancer du sein localisé ?
Cette étude s’intéresse à l’efficacité de cet ADC, au stade précoce du cancer du sein RH+/HER2-, résultats présentés en session orale à l’ESMO breast cancer. Les patientes incluses dans cette étude reçoivent une dose unique de patritumab déruxtécan puis l'efficacité du traitement est évaluée par une biopsie à J21 avec évaluation du score CelTIL.
Ce score est basé sur le pourcentage de cellularité tumorale et le pourcentage de lymphocytes infiltrant tumorale, prédictif de la réponse tumorale. Un score élevé (infiltration immunitaire élevée et cellularité tumorale réduite) identifie les patientes répondeuses au traitement.
Résultats encourageants mais indépendant de l’expression de HER3
Au total, 78 patientes avec un cancer du sein localisé de plus de 1cm, RH+/HER2- , Ki67 ≥10% ont été incluses dans cette étude. La taille tumorale moyenne est de 2,1cm et 29% présentent un envahissement ganglionnaire.
Les tumeurs sont d’autre parts classées en fonction de leur taux d’expression initiale d’ARNm ERBB3, 21 ont un taux élevé, 21 un taux moyen, 21 un taux faible et 14 un taux très faible. L’expression de HER3 est élevée (75 % à 100 %) chez 50 patientes, faible (25 % à 74 %) pour 10 patientes et négative (< 25 %) pour une patiente.
Après une dose de 6,4 mg/kg de patritumab deruxtecan, le taux de réponse est de 45% dont 50% de réponse complète et 50% de réponse partielle. Il existe une augmentation significative du score CelTIL, différence avérée chez les patientes répondeuses mais non retrouvée en cas de stabilité de la maladie. Cette augmentation est indépendante du taux expression initiale de ERRB3/HER3. À l'inverse, les sous-types non luminaux et les tumeurs à risque élevé de récidive semblent plus sensibles au traitement avec une réponse CelTIL élevée.
La tolérance du traitement est similaire à celle connue avec 95% effets secondaires mais peu d'effets secondaires de grade III/IV (neutropénie pour 6 patientes, élévation des ALAT pour 2 patientes, diarrhée pour une patiente).
Encore de nombreuses questions sur le futur de ce nouvel anticorps conjugué
Bien qu’ils s’agissent de données encore très préliminaires et que de nombreuses questions restent soulevées, ces résultats sont encourageants et prometteurs sur l’efficacité et la tolérance de ce nouvel ADC.
Une voie de développement intéressante est l’observation d’une augmentation de l’expression des gènes liés au système immunitaire et une diminution de l'expression des gènes de prolifération et du Ki67 après une dose, ainsi le patritumab deruxtecan pourrait jouer un rôle sensibilisant/synergique de l’immunothérapie.








