Neurologie
Lésions de la mœlle épinière : une nouvelle molécule prometteuse chez la souris
Après section de la colonne vertébrale, des souris qui ont eu une injection d'un nouveau biomatériau permettant de gérer la réaction cicatricielle, pourraient remarcher au bout de quatre semaines.
- Evgenyi_Eg/istock
Une seule injection pour retrouver l’une des fonctions primordiales du corps humain : la marche. Des chercheurs de la Northwestern University, située dans l’Illinois, aux États-Unis, seraient parvenus à soigner des souris paralysées grâce à un traitement capable de réparer les tissus de la moelle épinière.
Pour tester leur médicament, ces scientifiques ont sectionné la moelle épinière des rongeurs, puis ils les ont observé pendant trois mois. Les résultats de cette recherche ont été publiés dans la revue Science.
Un médicament aux effets multiples
Le traitement a eu plusieurs effets sur la moelle épinière des souris : les extensions sectionnées des axones, se sont régénérées ; le tissu cicatriciel, qui peut créer une barrière physique à la régénération et à la réparation, a considérablement diminué ; la myéline, la couche isolante des axones qui agit sur la transmission des signaux électriques, s’est reformée autour des cellules et des vaisseaux sanguins fonctionnels se sont reformés à l’endroit de la lésion.
Plus concrètement, les souris ont pu marcher à nouveau au bout de quatre semaines. En douze semaines, les biomatériaux du traitement se sont complètement dissous et transformés en nutriments pour les cellules avant de disparaître totalement de l’organisme, sans effet secondaire signalé par les chercheurs.
Des "molécules dansantes"
Injecté sous une forme liquide, le médicament se gélifie immédiatement dans un réseau complexe de nanofibres qui imitent le tissu entourant la moelle épinière. En faisant correspondre la structure de ce tissu, et en imitant le mouvement des molécules biologiques, les matériaux synthétiques sont capables de communiquer avec les cellules.
"Les récepteurs des neurones et d'autres cellules se déplacent constamment", explique Samuel I. Stupp, directeur de cette étude. Les scientifiques ont constaté qu'affiner le mouvement des molécules au sein du réseau de nanofibres pour les rendre plus agiles entraînait une plus grande efficacité thérapeutique chez les souris paralysées.
"L'innovation clé de notre recherche, qui n'a jamais été faite auparavant, est de contrôler le mouvement collectif de plus de 100 000 molécules au sein des nanofibres. En faisant bouger, "danser" ou même sauter temporairement les molécules hors de ces structures, appelées polymères supramoléculaires, elles sont capables de se connecter plus efficacement aux récepteurs", détaille le scientifique.
Un espoir pour les personnes paralysées ?
"Notre recherche vise à trouver un traitement qui peut empêcher les personnes d'être paralysées après un traumatisme ou une maladie majeurs", affirme Samuel I. Stupp. Il rappelle que le système nerveux central de notre corps, qui comprend le cerveau et la moelle épinière, n’est pas capable de s’auto-réparer après une blessure ou suite à une maladie dégénérative.
Le scientifique américain a annoncé qu’il allait lancer des démarches auprès de la FDA (l’Agence américaine des denrées alimentaires et des médicaments) pour faire approuver ce nouveau traitement et pouvoir l’utiliser chez l’humain.








