Addictologie
Cocaïne : altérations durables du système dopaminergique dans le cerveau
La cocaïne affecte le cerveau et le système dopaminergique de manière très prolongée, selon des nouveaux travaux. Un phénomène qui expliquerait les rechutes tardives après un sevrage.
- GeniusKp/epictura
Une trace indélébile… La cocaïne aurait tendance à imprimer une marque durable sur le cerveau et le métabolisme de certains neurotransmetteurs, selon une équipe de chercheurs de Caroline du Sud, qui s’est penchée sur le fort potentiel addictif de cette substance.
Les travaux, publiés dans la revue Journal of Neuroscience, ont été réalisés sur des rats rendus cocaïno-dépendants pour les besoins de la science. Six heures par jour, les rongeurs avaient accès à une dose illimitée de cocaïne, qu’ils s’auto-administraient à leur guise par le biais d’un mécanisme dont ils comprirent bien vite le fonctionnement. Après cinq jours d’ « open-bar », ils avaient tous développé une forte addiction au produit.
Sevrage sans effet
Par la suite, l’expérience fut moins festive pour ces rats dépendants, soumis à une longue période de sevrage : 14 jours pour un groupe et 60 pour l’autre. Au cours de cette période, les chercheurs ont étudié le cerveau des rats, et notamment les tranporteurs de la dopamine, un neurotransmetteur du circuit de la récompense, pointé du doigt pour son rôle dans l’addiction. Ils ont constaté qu’une fois sevrés, les rongeurs retrouvaient un système dopaminergique normal, comparable au groupe de rats n’ayant reçu aucune substance. Mais une fois exposé à une nouvelle dose de cocaïne, ce système était de nouveau affecté et rétablissait immédiatement une tolérance aux effets de la substance. Et ce, même après les 60 jours de sevrage, période équivalente à quatre années chez les humains !
"Effet d'amorce"
Cela suggère un effet d’accoutumance à très long terme du système dopaminergique, selon les chercheurs qui parlent d’un « effet d’amorçage » capable de s’imprimer de manière permanente sur les circuits neurologiques après une première période de consommation intensive. Ces résultats permettraient aussi de comprendre pourquoi les personnes dépendantes à la cocaïne sont exposées à un fort risque de rechute - plus élevé que face à d’autres substances.








