Infectiologie
SARS-CoV-2 : cinq jours de molnupiravir oral semblent stopper la réplication virale
Le molnupiravir, un antiviral pris deux fois par jour pendant 5 jours, semble empêcher la réplication du SARS-CoV-2 dans le nasopharynx, selon des données préliminaires présentées à la CROI 2021.
- ClaudioVentrella/istock
Cinq jours après mise en route d’un traitement placebo (soit en moyenne 10 jours après l'apparition des symptômes), 24% des patients ont une culture de prélèvement naso-pharyngé positive pour le SARS-CoV-2, ce qui signifie que le virus n’est pas seulement présent dans le nasopharynx, mais qu'il est capable de se répliquer.
A l’inverse, aucun virus infectant n'est retrouvé au cinquième jour du traitement chez les patients sous molnupiravir. C’est ce qui ressort de données préliminaires présentées à la Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections virtuelle (CROI 2021, abstract 777).
Négativation des cultures
Dans une présentation préliminaire d’un essai de phase 2a, randomisé, en double aveugle, les chercheurs ont donné les résultats analysables de prélèvement par écouvillons de 178 malades sur 202 recrutés, dont 78 avaient une infection au départ. Les résultats sont basés sur les analyses de ces 78 participants.
Au troisième jour, 28% des patients du groupe placebo ont du SARS-CoV-2 infectant dans leur nasopharynx, contre 20,4% des patients recevant une dose quelconque de molnupiravir.
Mais au cinquième jour, aucun des participants recevant le molnupiravir n’a de SARS-CoV-2 dans le nasopharynx versus 24% des personnes du groupe placebo qui ont encore un virus détectable.
Un essai de phase 2a
L’essai essai de phase 2a, randomisé, en double aveugle, a recruté 202 adultes symptomatiques au quatrième jour d’une infection par le SARS-CoV-2 confirmée par PCR. Les malades ont été randomisés dans trois groupes différents : 200 mg de molnupiravir, 400 mg ou 800 mg.
Les participants ont pris les comprimés de molnupiravir ou de placebo deux fois par jour pendant 5 jours, puis ont été suivis pendant 28 jours au total pour surveiller l'apparition de complications ou d'effets indésirables. Aux jours 3, 5, 7, 14 et 28, des écouvillons nasopharyngés pour des tests PCR ont été réalisés, pour séquencer le virus et pour faire des cultures de SARS-CoV-2 afin de voir si le virus présent est capable de se répliquer et donc d'infecter d'autres personnes.
Effet dès le 3ème jour
Lors de l’analyse à J3 (mi-chemin du traitement de 5 jours), les différences dans la présence de virus infectant seraient déjà nettes : 36,4% des participants du groupe 200 mg ont un virus détectable dans le nasopharynx, contre 21% dans le groupe 400 mg et seulement 12,5% dans le groupe 800 mg. Bien qu’il existe une réduction du caractère infectant du SARS-CoV-2 à J3 dans les groupes 200 mg et 400 mg, celle-ci n’est statistiquement significative que dans le groupe 800 mg.
Sept participants ont abandonné le traitement et quatre ont eu des effets indésirables dont 3 ont abandonné pour cette raison. L'étude étant menée en aveugle et n’étant pas encore terminée, on n'a pas le détail de ces événements.
Efficacité clinique potentielle
Cette présentation préliminaire à a CROI confirme chez l’homme ce que l’on connaissait à partir des études précliniques : le molnupiravir est efficace contre un certain nombre de virus, y compris les coronavirus et plus particulièrement le SARS-CoV-2. Le molnupiravir empêcherait le coronavirus de se répliquer en provoquant une accumulation catastrophique d’erreurs (réplications et mutations) jusqu'à ce que le virus ne puisse plus produire de copies.
Les personnes traitées par le molnupiravir semblent avoir obtenu des résultats très différents dans les cultures de prélèvements nasopharyngés. On attend avec impatience les résultats définitifs de cette étude phase 2a pour savoir si le monulpavir a des chances de passer la barrière de la phase 3, les déceptions ayant été nombreuses avec les antiviraux contre le SARS-CoV-2 ces derniers temps.








