Addictologie
Alcoolodépendance : le craving prédit la consommation d’alcool
Chaque augmentation d’intensité sur l’échelle d’auto-évaluation du craving augmente la consommation d’alcool la semaine suivante
- Huw Evans / Rex Feature/REX/SIPA
Le craving, ou envie irrépressible de boire, est statistiquement associé à une forte consommation d'alcool dans les jours suivants une semaine sans consommation excessive. Ce qui n’est pas le cas après une semaine de forte consommation.
D’après ces données, le craving est donc un facteur prédictif de rechute, mais pas de l'escalade vers la perte de contrôle. A chaque augmentation d’un point dans l'échelle de mesure du craving, les auteurs ont observé une augmentation de la consommation d’alcool de 31% la semaine suivante.
Facteur prédictif de la consommation
Une plus forte relation entre le craving et la consommation d’alcool a été observée dans la première moitié du traitement que dans la seconde. Ce qui est en faveur d’une efficacité du traitement (quelque soit la psychothérapie et le médicament) sur le craving.
Ces résultats ont été mis en évidence chez 1370 participants alcoolodépendants randomisés appartenant à 11 centres hospitaliers universitaires américains, spécialisés dans le traitement de la dépendance à l'alcool. Le craving a été évalué toutes les deux semaines au moyen d’une échelle d’auto-évaluation en trois points (non disponible en français) et du questionnaire ECCA (Echelle de Comportement et de Cognitions vis-à-vis de l’Alcool) pendant toute la période de traitement. La consommation d’alcool hebdomadaire a été évaluée de façon rétrospective par chaque participant au moyen d’un calendrier.
Un critère de diagnostic
Le craving a fait son apparition récemment dans le DSM-V comme l’un des critères essentiels dans le diagnostic de la dépendance. Cette étude confirme le lien entre l’intensité du craving et la consommation d’alcool dans les jours qui suivent, mais elle démontre surtout pour la première fois une augmentation de la consommation de 31% à chaque fois que l’échelle d’évaluation augmente d’un point.
L'évaluation du craving dans la pratique clinique devient essentielle pour évaluer l’efficacité du traitement et le risque de rechute. Une mesure brève et simple au moyen du questionnaire ECCA est disponible pour tout praticien dans l’accompagnement des patients alcoolodépendants et permet d’adapter la thérapeutique, semaine après semaine, pour cibler le craving.








