Pédiatrie
Vaccins avec adjuvant aluminique : absence de sur-risque de maladies auto-immunes, atopiques ou neurodéveloppementales
Dans une cohorte nationale de 1,22 million d’enfants danois, l’exposition cumulée à des adjuvants aluminiques des vaccins du nourrisson n’est pas associée à une hausse des maladies auto-immunes, atopiques/allergiques ou neurodéveloppementales. Les données confortent la sécurité de l’aluminium comme adjuvant des vaccins pédiatriques.

- :Ake Ngiamsanguan/istock
Les adjuvants aluminiques, piliers des vaccins non vivants (DTP, Hib, VHA/VHB, PCV), suscitent périodiquement des inquiétudes quant à une neurotoxicité ou une induction d’auto-immunité, sur la base d’études animales et de travaux observationnels de petite taille.
Le programme vaccinal danois, très homogène (94–97% de couverture à 2 ans en 2023), a connu depuis 1997 des substitutions de vaccins, avec ou sans adjuvant aluminique, entraînant des variations de la teneur en aluminium des séries vaccinales. Cette « randomisation naturelle » selon les années de naissance offre un cadre robuste pour estimer l’effet de l’exposition aluminique précoce sur la santé ultérieure de ces enfants.
Dans une cohorte nationale danoise de 1 224 176 enfants nés entre 1997 et 2018, et suivis jusqu’en 2020, l’équipe a modélisé le risque par incrément de 1 mg d’aluminium reçu avant 2 ans sur le risque de 50 affections chroniques.
Selon les résultats publiés dans Annals of Internal Medicine, aucune association délétère n’est mise en évidence avec les adjuvants aluminiques. Les hazard ratios (HR) ajustés par 1 mg d’exposition sont de 0,98 (IC à 95 % 0,94–1,02) pour l’ensemble des maladies auto-immunes, de 0,99 (0,98–1,01) pour les affections atopiques/allergiques et de 0,93 (0,90–0,97) pour les troubles neurodéveloppementaux.
Absence de sur-risque de maladies auto-immunes, atopiques ou neurodéveloppementales
L’analyse fine des critères individuels confirme ce signal global. Pour la bronchite asthmatique/asthme, fondée sur 38 045 cas (≈ 5,0 % des enfants analysés pour cet outcome), le HR par 1 mg est de 0,96 (0,94–0,98), incompatible avec même une faible augmentation du risque. Pour la majorité des 30 pathologies évaluées individuellement, la borne supérieure des IC à 95 % exclut des hausses relatives > 10 % ; pour plusieurs autres, elle écarte des hausses > 30 %, ne laissant qu’une incertitude résiduelle sur quelques événements très rares (incidences 7,6 à 14,9/10^6 personnes-années).
Les agrégats des pathologies donnent des bornes très serrées : par 1 mg d’aluminium, l’augmentation relative maximale compatible est < 2 % pour l’auto-immunité, < 1 % pour l’atopie/allergie, et aucune hausse n’est compatible pour les anomalies neurodéveloppementales. Ces résultats contrastent avec une étude VSD américaine (n = 326 991) suggérant un faible sur-risque d’asthme ; l’écart pourrait refléter un résidu de confusion (vaccination incomplète, facteurs socio-comportementaux non mesurés). En termes de tolérance, l’étude n’évalue pas les effets indésirables immédiats, mais aucun signal de morbidité chronique imputable à l’aluminium vaccinal n’émerge à moyen terme.
L’étude qui pourrait réconcilier avec le calendrier vaccinal
Les données proviennent du chaînage des registres nationaux danois (vaccinations, diagnostics, prescriptions, facteurs socio-démographiques), exploitant des variations exogènes d’exposition aluminique liées aux décisions de politique vaccinale, indépendantes des caractéristiques individuelles. Ce design quasi-expérimental, couplé à des ajustements étendus, renforce l’inférence causale au-delà des cohortes classiques. L’absence de randomisation individuelle et de relecture de dossiers est une limite de l’étude, de même qu’une confusion résiduelle possible, une classification de pathologie imparfaite pour certains diagnostics, une puissance limitée pour les affections rarissimes, et un suivi encore restreint pour des maladies d’apparition plus tardive. Néanmoins, la tendance temporelle des diagnostics aurait plutôt biaisé vers un excès de risque, non observé, et les analyses par cohortes de naissance ne modifient pas les conclusions.
Selon les auteurs, ces résultats confortent la poursuite sans modification du calendrier et des formulations aluminiques disponibles dans les programmes pédiatriques. Ils aident à la communication avec les familles inquiètes et découragent les retards/Les recherches doivent répliquer à l’international ces résultats en utilisant des contextes de substitution vaccinale comparables. Il est également nécessaire de réaliser un suivi prolongé jusqu’à l’adolescence. Il faut également détailler les résultats pour les phénotypes auto-immuns rares, et intégrer les indicateurs biologiques d’exposition/charge aluminique. À ce stade, l’ensemble des résultats soutient une conclusion claire : l’adjuvant aluminique des vaccins, tel qu’utilisé dans la petite enfance, n’est pas associé à un excès de risque chronique mesurable dans les grandes bases de données en vie réelle.