Neurologie

Syndrome radiologiquement isolé : facteurs pronostiques d’évolution vers une SEP

L’analyse d’une cohorte espagnole de syndrome radiologiquement isolé (RIS) confirme l’importance de la ponction lombaire dans le diagnostic et le pronostic de SEP au stade de RIS et identifie l’ensoleillement comme facteur protecteur. En revanche il n’y a pas de nouveaux facteurs pronostiques par rapport aux précédents travaux du groupe RISC.

  • Sergey Ulanov/istock
  • 20 Jun 2025
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    Le diagnostic de syndrome radiologiquement isolé (RIS) repose sur la découverte fortuite d’hypersignaux de substance blanche sur une IRM réalisé pour des symptômes non évocateurs de sclérose en plaques (SEP). Certains patients remplissant des critères radiologiques précis (2 territoires stratégiques et ponction lombaire positive) sont depuis peu considérés comme des SEP. La question du traitement reste entière mais 2 études ont montré l’intérêt du traitement hyperprécoce (par Teriflunomide ou dimethylfumarate) dans cette indication par rapport à un groupe placebo avec une réduction de l’ordre de 60 à 70% du risque de survenue d’une première poussée.

    Des études sur les facteurs prédictifs de conversion vers une SEP cliniquement déclarée ont déjà été publié notamment sur la cohorte Française et ensuite internationale issue du consortium « RISC ». Ce travail présente les résultats d’une autre cohorte Espagnole.

    L’objectif de ce travail, publié dans JAMA Neurology, était d’identifier les facteurs pronostiques associés au développement des symptômes de la sclérose en plaques (SEP) lors du diagnostic de syndrome radiologiquement isolé (SRI).

    Une cohorte Espagnole de RIS

    Cette étude de cohorte a été réalisée chez des patients suivis entre juillet 2004 et septembre 2022 dans 33 centres espagnols de prise en charge de la SEP. Tous les patients répondaient aux critères de dissémination spatiale de McDonald 2017.

    Le critère d’évaluation principal était le développement des symptômes de la SEP. Les analyses ont porté sur des modèles de risques proportionnels de Cox univariés et multivariés, incluant l'âge, le sexe et le traitement après le diagnostic de RIS, comme variables indépendantes supplémentaires.

    Importance de la ponction lombaire dans le diagnostic et le pronostic de SEP

    L'étude a porté sur 273 patients (âge moyen, 38,6 ans ; 207 femmes [75,8 %] et 66 hommes [24,2 %]) avec un suivi médian de 5,0 ans. Au total, 101 patients ont développé des symptômes de SEP (37,0 %). La présence de bandes oligoclonales (BOC) d'immunoglobuline G (rapport de risque [HR], 5,09 ; IC à 95 %, 2,36-10,97 ; P < 0,001), de BOC d'immunoglobuline M (HR, 2,58 ; IC à 95 %, 1,61-4,14 ​​; P < 0,001) et un indice de chaîne légère libre κ de 6,1 ou plus (HR, 2,79 ; IC à 95 %, 1,37-5,67 ; P = 0,005) étaient associés aux symptômes de la SEP. Des taux élevés de chaîne légère de neurofilaments (NfL) dans le liquide céphalorachidien (HR, 1,31 ; IC à 95 %, 1,18-1,45 ; P < 0,001) et des scores z de NfL sériques élevés (HR, 1,42 ; IC à 95 %, 1,16-1,72 ; P = 0,005) étaient également associés à un risque accru de symptômes de SEP.

    En revanche, des titres élevés d'anti-cytomégalovirus (HR, 0,59 ; IC à 95 %, 0,38-0,93 ; P = 0,02) et une exposition élevée aux rayons ultraviolets au cours de l'année précédant (HR, 0,52 ; IC à 95 %, 0,37-0,74 ; P < 0,001) et de l'année suivant (HR, 0,54, IC à 95 %, 0,38-0,75 ; P < 0,001) le diagnostic ont réduit le risque de symptômes de SEP.

    Pour tous ces facteurs pronostiques, l'analyse multivariée a donné des résultats similaires. La combinaison de scores NfL z sériques élevés et de tests d'immunoglobulines G positifs a conféré un risque à 5 ans de symptômes cliniques de 58,3 % (IC à 95 %, 45,9-67,9). Ce risque est passé à 81,6 % (IC à 95 %, 60,9-91,4) chez les patients plus jeunes et positifs aux tests d'immunoglobulines M.

     

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