Pneumologie

Clusters, trajectoires : une étape vers la médecine prédictive et personnalisée dans la BPCO.

De nouveaux travaux viennent conforter l’intérêt du regroupement des patients atteints de BPCO en fonction de leur morphotype et surtout de leur comorbidités. Ce sujet, sur la table depuis une dizaine d’années, permettrait, en se précisant, d’aller vers une médecine hyper personnalisée, qui aurait un grand intérêt dans cette pathologie chronique. D’après un entretien avec Pierre-Régis BURGEL.

  • 29 Mai 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2025 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a cherché à élaborer une carte des phénotypes de la BPCO. Pour cela les auteurs ont utilisé les données des 8972 participants de la cohorte BPCOgene, comportant des sujets fumeurs avec ou sans BPCO. Ils ont élaboré un modèle avec EGPA (analyse élastique des graphes principaux), en utilisant 30 caractéristiques cliniques, physiopathologiques et scanographiques. Ils ont identifié des phénotypes cliniques distincts et leurs relations longitudinales.

    Une seconde étude, dont les résultats sont parus en avril 2024 dans l’European Respiratory Journal Open Research, a cherché à regrouper les comorbidités, fréquentes chez les patients atteints de BPCO pour identifier des sous-groupes de comorbidités. Pour cela , les auteurs ont utilisé les données de la cohorte BPCO sévère de Groningen et les résultats de 2054 patients de l’étude ECLIPSE. Au total, une cohorte comportant 65% d’hommes, avec un âge moyen de 63 ans, a été évaluée.

     

    L’impact réel du groupage des patients reste à définir

    Le professeur Pierre-Régis BURGEL, pneumologue et spécialiste des maladies rares, à l’Hôpital Cochin, à Paris explique que l’identification des sous-groupes de patients atteints de BPCO est un sujet évoqué depuis une dizaine d’années. Pour lui, le principal avantage de la première étude est qu’elle inclus un important collectif de patients, le groupe COPDgene. Toutefois ce groupe comporte essentiellement des fumeurs, dont seulement la moitié environ sont atteints de BPCO, non sévère pour la grande majorité d’entre eux. Grâce à des techniques statistiques, les auteurs de ce travail ont pu identifier des groupes, dont la stabilité a été démontrée ainsi que leur impact sur l’évolution vers la mortalité. Ils ont identifié quatre types de groupes : les patients infracliniques, les patients emphysémateux, les patients bronchitiques chroniques et les patients attiens de maladies respiratoires plus sévères, emphysémateuses et bronchitiques chroniques. Pierre-Régis BURGEL relève que la plupart des patients évalués son des patients GOLD2 ou des fumeurs sans BPCO. Il précise que l’on est capable de former des groupes, grâce à des techniques statistiques, en fonction de la clinique, de l’imagerie, ou encore des marqueurs mais que lorsque le praticien se trouve face à un patient, il est souvent difficile de lui assigner un groupe et une trajectoire. Il souligne que l’intérêt de ce travail est de caractériser précisément les patients, mais que ceux si sont peu sévères et que l’on ne peut pas être certain de l’intérêt de ces caractérisations sur le long terme. De plus, il ajoute que les auteurs n’ont jamais évoqué la prise en charge thérapeutique des patients, ce qui aurait permis d’isoler dessous-groupes. L’impact réel n’est donc pas évident  et il y a peu d’évolution depuis ces dix dernières années.

     

    Des profils de comorbidités dans les groupes de patients

    Pierre-Régis BURGEL explique que la seconde étude a regroupé les patients de l’étude ECLIPSE et ceux de la cohorte BPCO sévère de Groningen, ce qui constitue un important volume de données sans toutefois apporter de grande nouveauté, puisqu’ils reprennent des travaux qui ont déjà été réalisés. Les auteurs ont réalisés des regroupements de comorbidités chez les patients BPCO. Les résultats de ce travail confirment bien que les comorbidités sont fréquentes chez les patients atteints de BPCO mais que ce n’est pas n’importe quel patient qui a n’importe quelle comorbidité. Pierre-Régis BURGEL fait référence aux anciennes classifications blue bloater et pink puffer des années 60. Il conclue que le comorbidités des patients BPCO se regroupent en fonction de l’âge, du sexe et du morphotype de BPCO mais que cela ne constitue pas un scoop.

     

    En conclusion, l’élaboration de clusters de patients attiens de BPCO est une avancée vers la médecine personnalisée, notamment en tenant compte des comorbidités souvent présentes chez ce patients mais leur utilisation en pratique quotidienne reste encore à affiner avant de mettre en place des prises en charges prédictives et hyper personnalisées…

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