Santé cognitive
Personnes âgées : la fragilité physique contribue-t-elle à la démence ?
La fragilité physique, qui peut être caractérisée par un rythme de marche lent, une fatigue fréquente ou une activité physique faible, pourrait être un facteur de risque de démence, préviennent des chercheurs.

- Par Mégane Fleury
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Avec l’âge, nous devenons de plus en plus vulnérables. En médecine, cet état a un nom : la fragilité physique. Cela correspond au fait de remplir au moins trois des critères suivants : une fatigue fréquente ; une activité physique réduite ou inexistante ; une vitesse de marche lente ; une faible force de préhension ; et une perte de poids involontaire. Dans Neurology, des chercheurs montrent que cette condition pourrait être liée au risque de démence.
Une étude sur les liens entre fragilité physique et santé cognitive
"Nous savons que la fragilité est associée à un risque accru de démence, mais notre étude démontre qu’elle pourrait être une cause réelle de démence", précise Yacong Bo, auteur de l’étude et chercheur au sein de l’Université de Zhengzhou en Chine. Les travaux réalisés portaient sur près de 490.000 personnes, âgées de 57 ans en moyenne. Elles ont été suivies pendant 14 ans. Au total, 4,6 % des participants correspondaient à la définition de fragilité, présentant au moins trois symptômes. 43,9 %, présentant un ou deux symptômes, étaient considérés en pré-fragilité, et 51,5 % ne présentaient aucun symptôme. Au cours de l'étude, 8.900 personnes ont développé une démence. "4,6 % des personnes fragiles ont développé une démence, contre 2,2 % des personnes pré-fragilité et 1,3 % des personnes non fragiles", précisent les auteurs.
Les personnes fragiles physiquement ont trois fois plus de risque de souffrir de démence
Les scientifiques ont ensuite ajusté leurs résultats pour prendre en compte d'autres facteurs ayant un lien avec le risque de démence. Ainsi, d’après leurs conclusions finales, les personnes correspondant à la définition de fragilité étaient près de trois fois plus susceptibles de développer une démence que celles ne présentant aucun symptôme de fragilité. Celles considérées en pré-fragilité présentaient un risque de démence 50 % plus élevé. "Les personnes fragiles présentant également des gènes liés à la démence présentaient un risque près de quatre fois plus élevé de développer une démence que celles qui ne présentaient ni fragilité ni risque génétique", poursuivent-ils.
Démence : repérer la fragilité physique pour réduire le risque
En examinant les données de manière inverse, les chercheurs ont constaté que la démence n'augmentait probablement pas le risque de fragilité. Selon eux, la fragilité physique pourrait donc être un facteur de risque de démence. Lorsqu’ils ont analysé l'imagerie cérébrale et les biomarqueurs biologiques des participants, les chercheurs ont constaté que les personnes fragiles étaient plus susceptibles de présenter des modifications de la structure cérébrale liées à la démence. "Ces biomarqueurs pourraient être un mécanisme sous-jacent au passage de la fragilité à la démence, estime Yacong Bo. (…) Ces résultats renforcent l'importance d'identifier et de prendre en charge la fragilité comme stratégie de prévention de la démence."