Maladie chronique

Isolement, culpabilité, mémoire : la migraine n'impacte pas seulement le corps

Les migraines ne sont pas juste des maux de tête. En raison de leurs violences, elles envahissent toutes les dimensions de la vie quotidienne des malades, révèle une nouvelle étude présentée ce 10 septembre.

  • Kiwis/istock
  • 12 Septembre 2025
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    Cinq ans après sa première enquête nationale sur l’impact des migraines sur le quotidien, l’association La Voix des migraineux (La VDM) fait un nouvel état des lieux du vécu des patients. Les chiffres confirment que cette maladie – qui touche sévèrement 15 % des Français – perturbe grandement la vie familiale et sociale ou même les fonctions cognitives.

    Il faut dire que les migraines prennent beaucoup de place. 64 % des 1.065 migraineux chroniques interrogés ont déclaré avoir des crises plus de 8 jours par mois. Et dans la majorité des cas, même sous traitement, elles durent plus de deux heures.

    Migraine : 90 % des patients ont été privés d’activités sociales à cause d’une crise

    Selon l’étude de La VDM, la première sphère pénalisée par les crises migraineuses est la vie sociale. Neuf patients sur 10 confient avoir dû renoncer à des activités avec leurs proches comme des restaurants ou des fêtes au cours des six derniers mois à cause de leurs céphalées. 91 % des parents interrogés ajoutent avoir régulièrement des difficultés à surveiller leurs enfants ou à être disponibles pour eux.

    L’incertitude entourant le trouble pèse sur les malades. 77 % des personnes interrogées se sentent coupables "d’imposer l’imprévisibilité" de leurs migraines à leurs conjoints.

    Leur maladie fragilise aussi profondément leur moral et leur santé mentale. Plus de 8 sondés sur 10 reconnaissent ressentir ’un épuisement fréquent ou permanent, et plus de la moitié disent avoir l’impression parfois d’être "inutiles à la société". L'incompréhension qui règne autour de ce trouble, n'aide pas à se défaire de ce sentiment. En effet, 38 % des malades avouent subir des remarques désobligeantes ou négatives d’un ou plusieurs proches sur leurs migraines.

    L’ensemble de ces difficultés n’est pas sans conséquence : plus d’1 migraineux sur 2 (52 %) confie avoir eu des idées suicidaires pendant leurs crises et 43 % en dehors, "signe d’un impact psychologique extrême et durable", remarque l’association.

    Migraines : elles impactent aussi la mémoire et l’attention

    Les migraines ne se limitent pas à des douleurs, une baisse de moral et une vie sociale impactée. La maladie perturbe aussi le fonctionnement cognitif des patients. 86 % des sondés indiquent rencontrer des difficultés d’attention et 81 % des problèmes de mémoire.

    Ces troubles cognitifs persistants se traduisent aussi par des difficultés de concentration, un langage parfois perturbé et des interactions brouillées. "Ces symptômes invisibles apparaissent parfois comme des signaux annonciateurs d’une crise, mais ils peuvent aussi persister bien au-delà, brouillant durablement la concentration et la prise de décision. Ces symptômes persistent entre les crises pour environ un tiers des patients, ce qui affecte durablement la vie professionnelle et sociale", remarque l’association à l’origine de l’enquête. Les obstacles que les migraines créées au quotidien conduisent 1 migraineux sur 5 à voir leur maladie comme un handicap

    "La migraine reste une maladie invisible et toujours mal comprise, alors qu’elle bouleverse profondément la vie de millions de personnes. Il est urgent de la reconnaître comme un handicap à part entière afin d’en finir avec la stigmatisation et de permettre une prise en charge adaptée. Sans cette reconnaissance, trop de patients continueront à subir en silence ses impacts sur leur santé, leur famille, leur scolarité et leur vie professionnelle", conclut Sabine Debremaecker, présidente de La VDM.

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