Malbouffe
Chez les jeunes, l’obésité fait plus de ravages que la sous-nutrition
Pour la première fois dans l'histoire, l'obésité a dépassé l'insuffisance pondérale chez les enfants d'âge scolaire et les adolescents dans le monde.

- Par Geneviève Andrianaly
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- ELENA BESSONOVA/iStock
Cette année, la forme la plus répandue de malnutrition est l’obésité et non plus l’insuffisance pondérale. C’est une première, selon un rapport de l’Unicef publié le 9 septembre. Actuellement, un enfant sur dix âgé de 5 à 19 ans, soit 188 millions de personnes dans le monde, sont obèses. Plus précisément, à l'échelle mondiale, un enfant et un adolescent sur cinq, soit 391 millions de personnes, sont en surpoids, et près de la moitié sont désormais classés comme obèses. "On considère qu'un enfant est en surpoids lorsqu'il dépasse significativement le poids normal pour son âge, son sexe et sa taille", a rappelé l’agence onusienne.
Les taux d’obésité ont triplé alors que la prévalence de l’insuffisance pondérale a baissé
Selon les chiffres, provenant de plus de 190 pays, le nombre d'enfants en sous-poids âgés de 5 à 19 ans a chuté de près de 13 % à 9,2 % depuis 2000. En revanche, l'obésité a triplé, passant de 3 % à 9,4 % sur la même période. "Aujourd'hui, les taux d'obésité dépassent ceux de sous-poids dans toutes les régions, à l'exception de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie du Sud. La situation est particulièrement grave dans les îles du Pacifique, où les régimes alimentaires traditionnels ont été supplantés par des aliments importés bon marché et riches en énergie. Les pays à revenu élevé ne sont pas épargnés : 27 % des enfants au Chili et 21 % aux États-Unis et aux Émirats arabes unis sont concernés", peut-on lire dans l’étude.
D’après l’Unicef, cette épidémie d’obésité est liée à l’exposition généralisée au marketing des aliments ultratransformés et de la malbouffe riche en sucre, en sel, en mauvaises graisses et en additifs. Pour preuve : un sondage mené auprès de 64.000 jeunes dans 170 pays a montré que 75 % d'entre eux ont déclaré avoir vu des publicités pour des boissons sucrées, des snacks ou des fast-foods au cours de la semaine précédente. Et 60 % ont confié que ces publicités leur avaient donné envie de consommer ces produits.
"L'obésité est une préoccupation croissante"
Face à ces données, l’agence onusienne appelle le gouvernement à agir, plus précisément à mettre en œuvre des réformes radicales (étiquetage alimentaire obligatoire, restrictions marketing et taxes sur les produits nocifs pour la santé ; interdiction de la malbouffe dans les écoles…). "L'obésité est une préoccupation croissante qui peut avoir un impact sur la santé et le développement des enfants. Les aliments ultra-transformés remplacent de plus en plus les fruits, les légumes et les protéines, à une époque où la nutrition joue un rôle essentiel dans la croissance, le développement cognitif et la santé mentale des enfants", a signalé Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.
Pour rappel, les patients obèses ont aussi plus de risques de développer une résistance à l'insuline et de l'hypertension artérielle et plus tard des maladies chroniques, comme le diabète de type 2, les pathologies cardiaques et certains cancers.