Médecine générale
Consommation excessive : faut-il plus taxer l'alcool ?
Une diminution de la consommation d’alcool peut être associée à la fixation d’un prix unitaire minimum (PUM) sur l’alcool selon une étude écossaise. Cette baisse de la consommation serait même associée à une diminution des décès en liens avec la consommation d’alcool dans ce pays.
- Nishihama/istock
Une étude suggère que le fait d’avoir fixé un prix unitaire minimal (PUM) pour la vente d’alcool en Ecosse serait associée à une diminution de 13% des décès liés à la consommation d’alcool, parmi les personnes issues des zones écossaises les plus défavorisées sur le plan socio-économique.
L’instauration d’un prix unitaire minimum de l’alcool depuis mai 2018 en Ecosse a généré une réduction significative des décès causés par sa consommation. Ceci par rapport à une estimation de ce qui se serait produit en l’absence de cette mesure (par comparaison à des données provenant d’Angleterre).
Des résultats convaincants
D’après cette étude effectuée sur une période de 2 ans et 8 mois après la mise en place du PUM (de mai 2018 à décembre 2020), environ 150 décès par an pourraient être évités en Ecosse grâce à cette tarification.
Les réductions estimées des décès liés à l'alcool étaient significatives pour les personnes vivant dans les 40% d'Écosse les plus défavorisés sur le plan socio-économique.
Par ailleurs, une diminution de 4,1% des hospitalisations dues à la consommation d'alcool dans le cadre de cette politique est également observée mais malheureusement elle n’est pas statistiquement significative.
Pas d’impact de la pandémie
Les auteurs précisent que la pandémie Covid-19 n’a pas eu d’impact significatif sur les données. Ils suggèrent que la réduction globale des décès liés à l'alcool serait due à une diminution des décès dus à des affections de longue durée causées par la consommation d'alcool. La mise en œuvre du PUM a été associée à une réduction de 11,7% des décès dus à une maladie alcoolique du foie et à une réduction de 23% des décès dus au syndrome de dépendance à l'alcool.
Les auteurs de cette étude affirment que tout cela prouve que la politique de prix unitaire minimum a bien l'effet initialement espéré, c’est-à-dire, agir sur les inégalités en matière de santé liées aux méfaits de la consommation d'alcool.
Le PUM, une mesure à visée égalitaire
C’est en mai 2018 que le gouvernement écossais a adopté une loi instaurant un prix minimum de 50 pence par unité d'alcool (10 ml ou 8 g d'alcool pur). Cette politique avait pour but d'impacter principalement les alcools forts à bas prix et de réduire la consommation d'alcool chez les plus gros buveurs.
En effet, des études antérieures avaient indiqué que l'introduction de cette mesure politique réduit les ventes d'alcool de 3 %, et d'autres recherches suggèrent que les réductions les plus importantes ont été enregistrées dans les ménages qui achetaient le plus d'alcool avant l'introduction de la politique.
Toutefois, aucune étude antérieure n'avait cherché à déterminer si le PUM avait entraîné une réduction des décès et des hospitalisations liés à l'alcool au niveau national écossais.
Ces données, confortées par quelques probables autres à venir, auront certainement un impact lors du vote parlementaire sur l'avenir du PUM en Écosse en 2024.