Rhumatologie
Maladie de Horton : intérêt d’un inhibiteur de l’IL-17 dans le sevrage corticoïde
Pour sevrer plus rapidement en corticoïdes une maladie de Horton, un inhibiteur de l’interleukine 17-A semble intéressant.
- Venhoff F et al/ACR2021
La maladie de Horton est une maladie inflammatoire chronique des artères de taille moyenne (artérite à cellules géantes) et grande, en particulier les branches céphalo-brachiales de l'aorte proximale. Le principal traitement est corticoïde mais reste difficile à diminuer. Parmi les biothérapies ciblées sur les interleukines, seul un anticorps anti-IL6 est actuellement utilisé pour réduire plus rapidement la corticothérapie.
Dans un essai de phase II sur 52 malades de 73 ans d’âge moyen, 70,1% de ceux qui ont été randomisés dans le groupe sécukinumab (anti-IL17A) (n=27) sont en rémission prolongée à la semaine 28, contre 20,3% de ceux du groupe placebo (n=25). Cette étude TitAIN, de sevrage corticoïde sur 26 semaines, a été présentée au congrès annuel de l'American College of Rheumatology (ACR 2021) (Abstract L19) et la rémission prolongée à la semaine 28, qui est le critère d'évaluation principal, est donc validé avec un HR médian à 9,31 (IC à 95% : 3,54-26,29).
Meilleur taux de rémission
La proportion de patients qui sont restés en rémission prolongée jusqu’à la semaine 52 (critère secondaire) est de 59,3% dans le groupe sécukinumab, contre seulement 8% dans le groupe placebo. Le délai médian avant une poussée inflammatoire de la maladie de Horton chez les patients du groupe placebo est de 197 jours et le délai médian avant une poussée dans le groupe sécukinumab n'est pas encore atteint car il y a eu très peu de poussées dans ce groupe.
Les doses cumulées de prednisolone sont similaires dans les deux groupes à la semaine 28, soit 2 689 mg dans le groupe sécukinumab et 2 693 mg dans le groupe placebo, puisque la réduction de la corticothérapie était protocolisée. Mais à la semaine 52, la dose cumulée est plus élevée dans le groupe placebo (3 375 mg contre 2 841 mg), du fait des rechutes nécessitant une corticothérapie dans ce groupe.
1ère étude randomisée avec un anti-IL17
L’étude TitAIN est le premier essai randomisé, multicentrique, en double aveugle versus placebo, visant à étudier l’intérêt du sécukinumab, un inhibiteur de l'IL-17A, dans le sevrage corticoïde de la maladie de Horton. Cette étude a été mise en place au vu de données pré-cliniques sur le rôle de l’IL-17 dans l’inflammation artérielle au cours de la maladie de Horton. Les participants étaient âgés de 50 ans et plus à l’inclusion avec une artérite à cellules géantes d'apparition récente ou récidivante.
Les patients, qui étaient biologiquement naïfs, ont reçu du sécukinumab par voie sous-cutanée, à raison de 300 mg, ou un placebo, chaque semaine pendant cinq semaines, puis toutes les quatre semaines jusqu'à la semaine 48. Ils ont également reçu de la prednisolone, à des doses initiales de 25 à 60 mg/jour, diminuées à zéro mg/jour sur 26 semaines.
Pas ne nouvel effet indésirable
Des effets indésirables graves ont été signalés chez 22,2% des patients du groupe sécukinumab et chez 44% de ceux du groupe placebo. Deux patients de chaque groupe ont eu des effets indésirables ayant conduit à l'arrêt du traitement, et un patient de chaque groupe est décédé. Ces décès n'ont pas été considérés comme liés au traitement.
Aucun nouveau signal de sécurité n'a été signalé parmi les patients recevant du sécukinumab, et le profil de sécurité semble similaire à ce qui a été observé avec le sécukinumab dans d'autres études : les effets indésirables les plus fréquents sont l'hypertension, survenue chez six patients du groupe sécukinumab et chez huit patients du groupe placebo, et une rhinopharyngite chez cinq patients de chaque groupe.
Dans cette petite étude de phase II, le sécukinumab permettrait donc de réduire rapidement la corticothérapie tout en maintenant en rémission prolongée la maladie de Horton. Une étude de phase 3 vient d’être lancée pour vérifier ces données à plus grande échelle.








