Infectiologie
Covid-19 et variant Delta : les français et les européens dansent à côté du volcan
Alors que le variant indien est devenu en 2 mois le virus prédominant au Royaume-Uni, la France et l’Europe continuent de croire qu’elles pourront passer des vacances tranquilles, malgré un taux de population effectivement vaccinée bien inférieur.
- Rawf8/istock
Le variant indien, ou variant Delta, est apparu au Royaume Uni en avril 2021 et est devenu le variant prédominant en seulement 2 mois. Il est considéré comme étant 60% plus contagieux avec la nécessité d’un taux d’anticorps neutralisants plus élevé pour être protégé, ce qui implique d’avoir eu au moins 2 injections de vaccins.
Actuellement, on observe dans ce pays une reprise épidémique avec une croissance exponentielle des courbes de contaminations journalières qui s’approchent désormais des 18 000, sans fléchissement en vue. Les hospitalisations remontent moins vite (1500 versus 900 fin mai), mais les hospitalisations en réanimation ont néanmoins doublé, du fait des non vaccinés.
Ces chiffres s’aggravent, jour après jour, alors que le taux de vaccination est bien meilleur en Angleterre qu’en France : à titre de comparaison, 48% de la population y a reçu 2 doses alors qu’en France 48% de la population n’a reçu qu’une dose et 26% seulement, 2 doses. Et en plus, malgré la disponibilité de vaccins très efficaces, 20% des français ne veulent pas se vacciner.
Un variant Delta présent partout
Malgré la présence du variant partout sur son territoire et un dépassement du seuil d’alerte dans les Landes (selon le site CovidTracker), la France danse en groupes pour la Fête de la musique, elle trinque lors des matchs de l’Euro 2021, elle va voir sans masque passer le tour de France et … on se demande ce qui va se passer le 14 juillet et sur les plages.
Pourtant le variant Delta, déjà présent dans 55 pays, est retrouvé sur tout le territoire national depuis au moins un mois et il devrait, d’après le Centre Européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC), être le variant prédominant en Europe d’ici la fin de l’été. L’ECDC considère, en effet, qu’il n’y a pas assez de personnes vaccinées pour stopper une diffusion qui est extrêmement rapide. Même en Israël, où plus de 80% de la population adulte est vaccinée, le variant indien est déjà responsable d’une hausse des contaminations, hausse suffisante pour que le 1er Ministre Israélien retarde la réouverture des frontières et ouvre la vaccination aux moins de 16 ans.
Dans le même temps, le Gouvernement Français n’a pas vraiment fermé ses frontières avec l’Angleterre, ce qui aurait au moins permis de retarder l’arrivée du variant et permettre une course contre la montre avec la vaccination. Il est plutôt dans l’application des vieilles recettes qui ne marchent pas : le test anti-Covid négatif n’est pas la panacée et le traçage sera vite dépassé. Le Ministre de la Santé a quand même autorisé le raccourcissement des intervalles entre les 2 doses de vaccins, essentiellement en vue des vacances, mais cela permettra peut-être d’accélérer l’obtention de 50% de la population pleinement vaccinée, ce qui n'est pas suffisant mais qui est mieux que rien.
Une fin d’été qui risque d’être difficile
Un an et demi après le début de la pandémie, les français et nos gouvernants ne semblent donc avoir appris que peu de choses, ou n’ont plus le courage d’appliquer des mesures, certes contraignantes, mais toujours légitimes. La vaccination ralentit, 20% des français ne veulent pas se vacciner, 50% du personnels soignant des EHPAD n’est toujours pas vacciné et les anti-Vax délivrent leur discours mortifère sans contradiction, ou presque.
Le passeport Covid qui devait être mis en place pour fréquenter restaurants, salles de sport ou de spectacles (et inciter les français à se vacciner), n’est utilisé que lors des grands évènements, alors qu’il a fait la preuve de son efficacité en Israël. La vaccination obligatoire des soignants est toujours dans les limbes. Tout cela, bien sûr, au nom de la préservation de la liberté de quelques-uns alors qu’elle va rester contrainte pour tous du seul fait de ce déficit vaccinal.
Une Europe qui ne fait pas mieux
Après le ratage des livraisons de vaccins, est-ce que l’Europe a fait mieux ? Pas vraiment. Les déplacements de population lors des matchs de foot de la coupe d’Europe et la finale prévue à Wembley, en Angleterre, au nom des intérêts supérieurs du sport, s’annoncent comme un « super-spreading event ».
A côté de cela, les stratégies entre les pays européens restent coordonnées a minima avec, d’un côté, l’Allemagne qui restreint l’accès des Britanniques à son territoire avec une quarantaine obligatoire, et de l’autre, une quarantaine qui n’existe pas en France si les voyageurs Britanniques sont vaccinés ou ont un test Covid négatif... et les pays du sud qui les accueillent à bras ouverts pour remplir leurs hôtels.
Avec les mêmes acteurs, mais un variant plus contagieux, et malgré des vaccins efficaces, la reprise épidémique de l’automne observée l’année dernière est bien partie pour se reproduire, reste à savoir si suffisamment de personnes auront été vaccinées d’ici-là pour éviter un débordement des hôpitaux. Il y a urgence à dire, systématiquement et à tous nos malades, de se vacciner.








