Diabétologie

Index glycémique : risque cardio-vasculaire et mortalité

La modification de l’alimentation est une des règles hygiéno-diététiques de base pour contrôler un risque cardiovasculaire. Le rôle de l’index glycémique dans la survenue de ce risque et la mortalité est à présent étudié dans une large cohorte.

  • Istock/Anastasiia Boriagina
  • 19 Mars 2021
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    Chez des individus non diabétiques, le lien entre index glycémique (IG) et le risque cardio-vasculaire est incertain et a été surtout étudié dans des populations à haut revenu. A partir d’une cohorte internationale, une équipe de chercheurs canadiens a étudié cette association chez plus de 137.000 individus des 5 continents, en prenant en compte de multiples co-variables, avec plus de 9 ans de recul.

    Ils ont ainsi déterminé qu’une alimentation avec un index glycémique élevé était positivement associée au risque d’évènements cardiovasculaires et de mortalité (critère de jugement principal), avec un hazard ratio (HR) à 1,25 (1,15-1,37) entre le cinquième et le premier quintile d’IG.

    Un risque plus augmenté chez les patients obèses

    Cette association entre IG moyen et le risque d’évènement cardiovasculaire et de mortalité est également significative entre le quatrième et le premier quintile (HR 1,23 [1,13-1,33]). Cette association reste significative qu’il y ait ou non une maladie cardio-vasculaire déjà présente à l’inclusion. En revanche, ce risque est plus marqué chez les individus avec un IMC> 25 kg/m² à l’inclusion : chez les individus normopondéraux, le HR est à la limite de la significativité uniquement dans le 5è quintile avec un HR à 1,14 (1,00-1,30).

    En revanche, chez les sujets en surpoids et obèses, le HR est significativement plus élevé dans les troisième (1,19 [1,09-1,31]), quatrième (1,29 [1,16-1,44]) et cinquième quintiles (1,38 [1,22-1,55]), toujours comparés au premier quintile.

    Les auteurs ont réalisé les mêmes corrélations selon les quintiles de quantité de glucose ingérée quotidiennement. Le risque d’évènement cardio-vasculaire et de mortalité, durant les 9 années d’observation, n’est associé à ce taux de glucose ingéré uniquement chez les individus présentant déjà une maladie cardio-vasculaire à l’inclusion dans les 4ème et 5ème quintile (HR 1,25 [1,05-1,50] et 1,34 [1,08-1,67]).

    La force d’une cohorte intercontinentale

    Une force de cette étude repose sur le phénotype détaillé des individus inclus, en plus du nombre de patients recrutés à travers les 5 continents. Les auteurs ont ainsi pu ajuster l’ensemble de leurs analyses sur plus d’une quinzaine de critères, incluant des facteurs confondants tels que le niveau d’éducation et de revenu, l’activité physique, le poids, l’antécédent de diabète, la prise de statine, la quantité quotidienne de calories et de fibres, le tabagisme.

    De plus, en incluant des patients de pays à différent niveau de revenu, et de différentes ethnies, les auteurs nous permettent d’étendre cette conclusion à une très large population de patients, sans restriction.

    Cibler les messages hygiéno-diététiques

    L’index glycémique, qui reflète la capacité d’un aliment à faire monter la glycémie, permet une classification des aliments en trois catégories : faible (IG < 55), moyen (IG 55-70) et élevé (IG > 70). Dans cette étude, les valeurs médianes de l’IG de chaque quintile étaient tous dans la catégorie élevée, avec par ordre croissant : 76 (interquartiles 74-78), 81 (80-83), 86 (85-87), 89 (88-89), 91 (90-91). Il n’est donc pas nécessaire d’effondrer cet IG moyen en recommandant uniquement des aliments avec de faibles IG.

    En revanche, des études d’intervention prospectives sont nécessaires pour aider à prioriser la prise en compte de cet IG, parmi les autres recommandations déjà nombreuses portant sur la quantité globale d’énergie ingérée quotidiennement, la quantité et le type de graisses, de fibre, d’activité physique, etc.

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