Infectiologie
Covid-19 : la vaccination manque de bras
On pense encore à tort que le problème de la vaccination est un problème de dose. Peut-être hier. Mais il semble qu’aujourd’hui les doses vont être à profusion et que surgit un problème logistique d’organisation des vaccinateurs.
- Tero Vesalainen/istock
Quatre millions de Français vaccinés fin février. Promis juré ! Notre ministre de la santé n’avait, il y a un mois, pas l’ombre d’une hésitation.
Mais c’est raté !
De plus de 25 pourcents.
Pas pour un problème de doses comme on pouvait le craindre… Mais par manque de bras ! Plus de 2 millions de dose sont restées dans les congélateurs et réfrigérateurs. En grande majorité dans les hôpitaux où le refus de se vacciner touche deux soignants sur trois.
Une situation insupportable pour les spécialistes de l’infectiologie qui alertent sur « la covid, désormais première maladie nosocomiale de nos hôpitaux ». Surgit alors l’éternel débat de la « vaccination obligatoire » ; Probablement impossible à faire accepter à un personnel épuisé qui attends toujours les revalorisations et embauches promises ; des arguments que ne comprendront toutefois jamais les familles des victimes de ces contaminations professionnelles inadmissibles.
Une fois encore on peut de tourner vers Israël qui déroule une campagne de vaccination idéale et surtout efficace. Là-bas aussi, à un moindre niveau toutefois, se pose le problème du refus des soignants. Le principal hôpital du pays a réagi : désormais les soignants non-immunisés n’auront plus le droit d’être en contact avec des malades. Ils seront reversés – avec un salaire égal – à des tâches administratives ; et il sera interdit d’embaucher des remplaçants non vaccinés.
Mais il est vrai que dans ce pays, le budget de la santé est moins souffreteux que chez nous !
Sept millions de doses nous ont été livrées depuis Noël. 10 millions en Mars 20 millions en avril… Promis juré par Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de cette question, sur toutes les antennes depuis quelques jours. Ce qui permettra de vacciner 25 millions de Français puisque notre ministre de la santé a annoncé que les 6 millions de Français déjà atteint par le Covid, n’auront en fait, besoin que d’une seule dose. Ils auront juste à produire la preuve d’une PCR positive depuis le début de la pandémie. Une vaccination définitive à laquelle se rajouterons les vaccinés « Janssen » éligibles eux, d’une seule dose !
Formidable !
Mais alors qui va pousser la seringue ?
Passé le combat d’un autre temps des syndicats de généralistes contre les pharmaciens, combat d’ailleurs que réprouvent les médecins sur le terrain, la Haute Autorité de Santé, qui n’est pas à une volte-face près, va ouvrir largement les vannes en y rajoutant les infirmières, les sages-femmes et peut être les kinés…
Une armée disparate quant aux compétences mais à la volonté sans failles, comme elle a encore prouvé dans un passé récent.
C’est désormais au général Fischer d’organiser la bataille contre le virus ; Et c’est là que le bât blesse, car la cibles des prioritaires est-elle aussi disparate. Faudra t’il organiser des vaccinodromes à l’Allemande, des brigades de vaccination pour les malades éloignés ou impotents qui n’ont pas pu profiter des premiers vaccins ? La recherche et l’industrie ont fait leur boulot. C’est désormais un problème logistique pour lequel on ne semble pas avoir été fait appel à l’armée pourtant supposée professionnelle de ce type d’opération.
La stratégie est encore floue. Les organisations syndicales de toutes ces professions croulent sous les questions de leurs troupes, mais avouent n’avoir encore aucune réponse.
Liberté, gratuité, sécurité » … c’est le nouveau dicton de l’assurance maladie… Superbe si toutefois on ne doit pas ajouter « Liberté, gratuité, sécurité… et désordre ! »








