Onco-dermatologie
Lymphomes cutanés : nouvelles immunothérapies
La révolution des immunothérapies bénéficient également au traitement des lymphomes cutanés. Plusieurs molécules sont sur le marché ou en cours de développement.
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L’arrivée des immunothérapies ces dernières années dans le traitement des lymphomes cutanés a révolutionné la prise en charge principalement des lymphomes T cutanés épidermotropes type Mycosis fongoïde (MF) et syndrome de Sézary (SS). Nous décrivons ici les principales immunothérapies actuellement disponibles dans les lymphomes cutanés.
Les immunothérapies disponibles
Le Brentuximab Vedotin (Adcetris®) est un anticorps anti CD30 couplé à un poison du fuseau. Dans l’étude randomisée ALCANZA, il a été montré une réponse globale prolongée plus fréquente dans le mycosis fongoïde exprimant CD30 (≥10% de l’infiltrat lymphoïde) et le lymphome anaplasique à grandes cellules CD30+, par rapport au traitement par méthotrexate ou au bexarotène. Il a actuellement l’autorisation de mise sur le marché dans les lymphomes T cutanés exprimant CD30 chez l’adulte, après au moins une ligne de traitement systémique antérieure. Ses indications principales en dermatologie sont le mycosis fongoïde transformé exprimant CD30 ou les formes avancées de lymphomes anaplasiques à grandes cellules CD30+. L’apparition d’une neuropathie périphérique est cependant un effet secondaire très fréquent, limitant l’utilisation de ce traitement . Son utilisation étant donc en général limitée dans le temps. Son usage est particulièrement utile pour obtenir une rémission complète en vue d’une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques.
Le Mogamulizumab (Poteligeo®) est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre la molécule CCR4, molécule impliquée dans la domiciliation cutanée et exprimée de façon constante par les cellules de Sézary et certaines sous-populations de lymphocytes T régulateurs. Il est disponible après échec d’une ligne de traitement systémique. Le mogamulizumab a montré son efficacité sur la survie sans progression dans les MF et SS dans l’étude de phase 3 randomisée ouverte versus vorinostat MAVORIC. L’efficacité semble supérieure dans les SS par rapport aux MF. Parmi les effets secondaires les plus fréquents on observe des réactions à la perfusion et des rashs cutanés . Des effets indésirables auto-immuns sont également rapportés, possiblement liés à la déplétion des lymphocytes T régulateurs mémoires.
Et dans le futur ?
IPH4102 (Lacutamab) est un anticorps monoclonal anti-KIR3DL2 qui a montré son efficacité dans une étude de phase I dans le mycosis fongoïde et le syndrome de Sézary pré-traité, en rechute ou réfractaire. Le récepteur KIR3DL2 (CD158k) a une expression restreinte essentiellement à une partie des lymphocytes NK (natural killer) et une minorité des lymphocytes T chez les sujets sains. Il est également exprimé de façon aberrante par les cellules T CD4 tumorales chez 90% des patients atteints de syndrome de Sézary, et dans un certain nombre de cas par les cellules tumorales cutanées des patients atteints d’autres types de lymphomes T atteignant la peau. Quarante-quatre patients ont été inclus dans cette étude de phase I dont 35 patients avec un syndrome de Sézary. Après un suivi médian de 14 mois, une réponse globale confirmée a été obtenue chez 36% des patients, et chez 43% des patients atteints de syndrome de Sézary. Les patients ayant une transformation à grandes cellules étaient moins fréquemment répondeurs. La tolérance est excellente . L’essai clinique de phase 2 est actuellement en cours, chez des patients présentant un mycosis fongoïde ou un syndrome de Sézary ayant échappé au mogamulizumab.
Dans le cadre d’essais thérapeutiques, de nombreux anticorps monoclonaux sont également en cours d’évaluation dans le MF/SS: l’anticorps anti CD70, les anticorps anti PD1 et anti PDL1, l’anti CD47… suggérant des perspectives thérapeutiques d’avenir dans la prise en charge des lymphomes cutanés.








