Cardiologie
HTA : faire contrôler sa pression artérielle chez le coiffeur est intéressant
À Los Angeles, 52 coiffeurs et barbiers ont participé à une expérience inédite : accueillir un pharmacien pour prendre la pression artérielle de leurs clients. Un test concluant puisqu’il a permis de diminuer le risque cardiovasculaire.
- AndreyPopov/iStock
Pourra-t-on bientôt faire vérifier sa pression artérielle chez son coiffeur entre le shampoing et la coupe de cheveux ?
Cette idée en apparence saugrenue fait son chemin. Dans le comté de Los Angeles, 52 coiffeurs et barbiers accueillent depuis plusieurs mois des pharmaciens chargés de mesurer la pression artérielle des hommes venant se faire coiffer. Les résultats, publiés en début de semaine dans la revue Circulation, sont très encourageants. Selon ses auteurs, cette initiative a permis de d'améliorer le dépistage et le contrôle de l’hypertension artérielle.
Mieux dépister les populations à risque
Maladie silencieuse, l’hypertension artérielle rigidifie les artères et les fait vieillir prématurément, ce qui expose à un risque majeur d’accidents cardiovasculaires, en particulier l’infarctus du myocarde, les attaques cérébrales et l’insuffisance rénale.
Pour le Dr Ronald G. Victor, considéré comme l’un des plus grands experts au monde en matière d’interventions sur l’hypertension et les soins de santé communautaires, cette expérience menée dans les salons de coiffure est bénéfique, car elle permet de dépister les populations à haut risque dans un environnement où elles sont plus à l’aise. Les patients sont alors plus réceptifs aux soins médicaux préconisés en cas d’hypertension.
Une réduction significative de l’hypertension artérielle
Cette étude, menée auprès de 52 coiffeurs et barbiers du comté de Los Angeles, a été menée sur 12 mois par l'Institut de cardiologie Smidt à Cedars-Sinai. Elle étaye une étude antérieure qui a déjà prouvé qu'une intervention médicale menée par un pharmacien et basée dans un barbier pouvait permettre de faire baisser la risque les hommes.
"Nos données initiales sur 6 mois montraient une réduction marquée de la pression artérielle dans le groupe d'intervention", explique le pharmacien C. Adair Blyler, auteur de l'étude. "Nos données sur 12 mois montrent que cette réduction significative de la pression artérielle peut être maintenue, voire améliorée dans certains cas, malgré le nombre réduit de visites en personne chez le pharmacien", poursuit-il.
Atteindre les malades qui ne se suivent pas
Pendant un an, des pharmaciens ont été dépêchés dans les salons de coiffure pour surveiller la pression artérielle, prescrire ou ajuster les médicaments des patients. À l’issue de l’expérience, la pression artérielle systolique moyenne - le chiffre le plus élevé pour une lecture de la pression artérielle - avait baissé de près de 29 mmHg dans le groupe d'intervention et de 7,2 mmHg dans le groupe témoin, ce qui représente une différence d'un peu plus de 21 mmHg.
"Cette étude aura un impact durable sur l'une des populations les plus exposées de notre pays en matière d'hypertension artérielle", prédit le Dr Eduardo Marbán, directeur du Smidt Heart Institute. "En tant qu'institution, nous sommes fiers de ces résultats et savons que Ron Victor aurait été fier de voir sa vision produire des résultats aussi réussis qui auront un effet positif sur des milliers de vies."
Grâce à ces résultats positifs, les chercheurs du Smidt Heart Institute vont désormais se concentrer sur la possibilité d’élargir ce dispositif à d’autres salons de coiffure, mais aussi de le mettre en œuvre auprès d'autres communautés à haut risque en dehors du comté de Los Angeles.








