Pneumologie

Réadaptation respiratoire : ce n'est pas la complexité du matériel qui importe.

La réadaptation respiratoire souffre de difficultés d’accessibilité et de nombreux travaux cherchent à améliorer cela en facilitant l’accès aux patients qui en attendraient un bénéfice. La réduction de l’utilisation de matériel sophistiqué pourrait être efficace et permettre de prendre en charge un plus grand nombre de patients. D’après un entretien avec Sarah GEPHINE.

  • 30 Octobre 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en août 2025 dans la JAMA Network Open, a cherché à comparé l’efficacité la tolérance et le coût de la réadaptation respiratoire avec utilisation de machines ou en programme minimal. Il s’agit d’une étude britannique  pour laquelle les auteurs sont partis du constat qu’actuellement, le système ambulatoire est prédominant.  Pour ce travail, ils ont inclus 436 patients, qu’ils ont séparés en deux groupes e 218 patients. Un groupe a bénéficié du programme traditionnel de 8 semaines, avec venue au centre de réadaptation et utilisation des équipements plus sophistiqués (tapis de mache, vélos…). Le second groupe a bénéficié d’un programme minimal, sans outils, avec élaboration d’un programme de soins. Les patients de ce groupe viennent au centre deux fois par semaine.

     

    Une non infériorité du programme minimal

    Sarah GEPHINE, Care Manager à FormAction Santé et chercheuse associée à l’université de Lille, félicite ce travail , très fourni et complet.  Elle souligne que l’un des ses intérêts majeurs est que les auteurs ont pris en compte non seulement les patients atteints de BPCO (63%) mais aussi ceux atteints de pneumopathies interstitielles, d’asthme ou encore de bronchectasies, ce qui reflète bien la population des sujets candidats à la réadaptation respiratoire. Elle rappelle que l’idée d’améliorer l’accès à la réadaptation respiratoire est un cheval de bataille constant. Elle précise que le résultat principal de ce travail est la non infériorité du programme minimal par rapport au programme traditionnel. Il n’y a pas de différence significative dans la distance de marche, ni dans la qualité de vie ni en terme de dyspnée à 8 semaines et ces résultats sont identiques à 12 mois. Sarah GEPHINE émet toutefois la limite que l’on ne peut pas aussi bien prescrire la charge et la capacité sans appareil ni machine. Il est toutefois possible  de le faire en fonction du niveau de dyspnée des patients, ce qui est plus simple pour eux. De plus, Sarah GEPHINE relève que, dans ce protocole d’étude, les patients ont la possibilité de changer de groupe et elle remarque que les « switchers » sont plus souvent des sujets fragiles (77% des cas), qui ont la vision qu’ils vont moins bien s’améliorer s’ils ne reviennent pas vers un programme traditionnel, ce qui peut représenter un effet limitant sur les résultats.

     

    Pas de différence en termes d’effets secondaires ni de coût

    Sara GEPHINE explique qu’il n’y pas eu d’effet secondaire majeur relevé dans les deux groupes. Seulement quelques effets mineurs, comme des douleurs musculaires à type de courbatures , sont apparus dans le groupe utilisant le matériel. Enfin, elle souligne que les auteurs de ce travail ont eu le mérite de réaliser une évaluation économique mais n’ont pas été en mesure de dire qu’un programme est économiquement meilleur que l’autre. Il n’a pas été mis en évidence que le programme minimal soit moins cher. Les taux de ré-hospitalisation et d’exacerbations dans l’année n’apparaissent pas mais les auteurs les ont peut-être observés sur le long terme.

     

    En conclusion, l’objectif est d’améliorer l’accessibilité à la réadaptation respiratoire , et la mouvance est d’utiliser un minimum d’équipements, même au sein des structures . Le tapis de marche n’est pas pour tout le monde…

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