Onco-sein
Cancer du sein métastatique : y a-t-il encore une place pour la chirurgie ?
Dans cette large étude rétrospective, la chirurgie du site primitif des patientes prises en charge pour un cancer du sein d'emblée métastatique semble augmenter la survie des patientes lorsqu'elle est associée à des traitements systémiques par rapport à l’utilisation de traitements systémiques seuls.
- Motortion/istock
La place de la chirurgie du primitif dans les cancers du sein d'emblée métastatiques fait l'objet de nombreuses controverses depuis plusieurs années. Les études ayant tenté d'évaluer un bénéfice en survie de cette stratégie ont montré jusqu'à présent des résultats contradictoires. Ces études ont souvent été réalisées sur des populations de plutôt faibles effectifs sans forcément prendre en compte les caractéristiques anatomopathologiques des différents cancers du sein.
Dans une étude rétrospective de grande ampleur publiée dans Annals of Surgical Oncology par Stahl et al, l'impact des différentes associations de traitements (traitement systémique, chirurgie et radiothérapie) sur la survie globale à 5 ans des patients a été étudié.
Une survie améliorée
La sélection des patients a été effectuée sur la base de données National Cancer Database. Étaient inclus tous les patients avec un diagnostic initial de cancer du sein métastatique, avec les statuts hormonaux et HER2 connus, ayant une séquence de traitement connue et ayant reçu des traitements systémiques. Étaient exclus tous les patients décédés dans les six mois du diagnostic.
Au total, 12838 patients ont été inclus. Chez ces patients, 6649 avaient reçu un traitement systémique seul, 2906 un traitement systémique et une radiothérapie, 1689 un traitement systémique et une chirurgie et 1594 les 3 modalités de traitement.
La survie globale à 5 ans semble améliorée chez les patients ayant été opérés (survie globale à 5 ans de 38% avec les 3 modalités, de 32% avec traitement systémique et chirurgie, de 21% avec traitement systémique seul et de 19% avec traitement systémique et radiothérapie ; p < 0,0001).
Certains sous-groupes particulièrement intéressants
L'analyse des patients surexprimant la protéine HER2 montre une augmentation du bénéfice de la chirurgie (survie globale à 5 ans = 48% avec les 3 modalités, 41% avec traitement systémique et chirurgie, 29% avec traitement systémique seul et 21% avec traitement systémique et radiothérapie ; p < 0,0001).
Parmi les patients ayant été opérés, la séquence permettant d'obtenir la meilleure survie pour les patients surexprimant la protéine HER2 et/ou les récepteurs hormonaux est l'utilisation d'un traitement systémique avant la réalisation de la chirurgie (surexpression d’HER2 et traitement néoadjuvant : HR = 0,477; récepteurs aux œstrogènes positifs traitement néoadjuvant : HR = 0,453; récepteurs à la progestérone positifs et traitement néoadjuvant : HR = 0,448; tous avec p < 0,0001).
Encore des arguments en attendant des preuves
Ces résultats suggèrent que le bénéfice de la chirurgie est également présent chez ces patientes d'emblée métastatiques. Malgré tout, on ne peut conclure sur cette étude du fait de son caractère rétrospectif et du risque de biais de confusion. Cela relance toutefois l'intérêt d'une étude prospective, incluant les caractéristiques anatomopathologiques des tumeurs, pour répondre à cette question.











