Oncologie

Cancers du sein BRCA mutés : les anthracyclines ont toujours leur place en néoadjuvant.

Le cisplatine en monothérapie en traitement néoadjuvant des cancers du sein BRCA mutés, notamment triples négatifs, n’augmente pas de taux de réponse complète histologique comparativement à une chimiothérapie par anthracyclines cyclophosphamides.

  • 02 Juillet 2020
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    De par notamment la notion de léthalité synthétique, l’utilisation des sels de platines dans le traitement des cancers du sein BRCA mutés, dont 85% sont des cancers triples négatifs, est une vision séduisante qui a déjà fait ses preuves en phase métastatique avec une augmentation significative de la survie sans progression et du taux de réponse en 1ère ligne grâce au carboplatine.

    Plusieurs études préliminaires ont montré des résultats intéressants en terme de réponse complète histologique (jusqu’à plus de 60%) en monothérapie par sels de platine, dépassant les résultats obtenus des chimiothérapies classiques. Néanmoins, il existe peu de données concernant les cancers du sein BRCA mutés hormono sensibles.

    Etude INFORM : cancers du sein mutés BRCA, triples négatifs mais aussi hormono-sensibles.

    L’étude de Phase II, publiée dans le JCO par Tung et al, évalue la place en néoadjuvant d’une monothérapie par cisplatine vs anthracyclines-cyclophosphamide dans les cancers du sein BRCA mutés de stade I-III, qu’ils soient triples négatifs ou également hormono-sensibles, HER2 -, avec malheureusement des résultats négatifs concernant le critère de jugement principal, à savoir le taux de réponse complète histologique.

    Au total, les données de 117 patientes ont été analysées, dont 69% présentaient une mutation BRCA1, 30% une mutation BRCA2. 70% étaient des tumeurs triples négatives. La majorité (81%) étaient des stades II et III, avec un envahissement ganglionnaire pour 45% des patientes. Les patientes étaient randomisées pour recevoir une chimiothérapie par Cisplatine (75mg/m2) toutes les 3 semaines pendant 4 cures, vs le bras standard par doxorubicine (60 mg/m2) cyclophosphamide (600 mg/m2) soit en dose dense toutes les 2 semaines notamment pour les tumeurs triples négatives, soit toutes les 3 semaines pour 4 cures. Le critère de jugement principal était la réponse complète histologique, avec relecture centralisée.

    Absence de bénéfice même dans le sous-groupe triple négative.

    L’étude est négative concernant son critère de jugement principal avec un taux de réponse complète histologique de 18% dans le bras cisplatine vs 26% dans le bras standard, ce taux apparaissant bien plus bas que celui attendu qui faisaient espérer une pCR à plus de 50%.

    Malgré ce que les études préliminaires pouvaient laisser supposer, le même constat est également retrouvé dans le sous-groupe des tumeurs triples négatives (23% dans le bras cisplatine vs 29% dans le bras standard), mais également de façon moins surprenante dans le sous-groupe hormonosensible (6% vs 21%).

    La toxicité est globalement équivalente dans les 2 groupes : principalement de la fatigue, des nausées.

    Peu de place pour les sels de platine en néoadjuvant.

    Les résultats négatifs de cette étude sont appuyés également par les données de l’étude de phase III GEPARSIXTO qui évaluait l’ajout d’un sel de platine aux anthracyclines et taxanes en néoadjuvant des tumeurs triples négatives, selon le statut BRCA.

    Cette étude n’a pas montré de bénéfice dans la population générale, et même plutôt une tendance positive dans le sous-groupe des tumeurs non mutées BRCA. La principale hypothèse est celle d’une chimio sensibilité importante aux taxanes et anthracyclines contrecarrant le bénéfice de l’ajout d’un platine, chez les tumeurs mutées BRCA. La place des sels de platines n’est donc pour l’instant pas un standard.

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