Système nerveux
La sclérose en plaques est liée à un microbiote buccal spécifique
Les patients touchés par cette maladie auto-immune présentent une dysbiose buccale avec une diminution de bactéries bénéfiques et un taux de métabolite protecteur plus faible.
- Par Geneviève Andrianaly
- Commenting
- arenacreative/iStock
"Si le microbiote intestinal est depuis longtemps associé à la sclérose en plaques (SEP), le microbiote buccal, le riche écosystème microbien de notre bouche, a reçu beaucoup moins d'attention, alors même qu'il est le deuxième microbiome le plus diversifié du corps humain et qu'il a été associé à d'autres maladies neurologiques, comme la maladie d'Alzheimer, et à des maladies inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde", a signalé Ashutosh Mangalam, professeur à l’université de l'Iowa (États-Unis).
Microbiote buccal perturbé : moins de bonnes bactéries et plus d’agents pathogènes en cas de SEP
Dans une récente étude, la chercheuse et son équipe ont voulu déterminer le rôle du microbiote buccal chez les personnes atteintes de sclérose en plaques récurrente-rémittente, la forme la plus répandue de cette pathologie auto-immune qui touche le système nerveux central. Afin de mener à bien les recherches, ces derniers ont utilisé le séquençage métagénomique par injection et la métabolomique non ciblée. L’objectif ? Examiner comment les modifications de l'ensemble de la communauté bactérienne buccale et des petites molécules (métabolites) produites par ces organismes pourraient influencer la maladie. Durant l’intervention, l’équipe a analysé la salive de 50 patients et 50 adultes en bonne santé.
Contrairement aux personnes en bonne santé, celles souffrant de sclérose en plaques présentaient un microbiote buccal perturbé. Ce déséquilibre se traduisait par une perte de bactéries bénéfiques "colonisatrices précoces", telles que Streptococcus et Actinomyces (des éléments constitutifs d'une communauté buccale saine) et par une hausse des bactéries potentiellement pathogènes, comme Fusobacterium nucleatum, Porphyromonas gingivalis et plusieurs espèces de Prevotella. Autre constat : les malades présentaient un profil métabolique altéré. Dans le détail, ils avaient un taux réduit d'hypotaurine, un métabolite protecteur impliqué dans la défense antioxydante et la santé nerveuse. Selon les scientifiques, les modifications microbiennes et métaboliques buccales pourraient contribuer à l'inflammation et aux processus pathologiques dans la SEP.
"Des biomarqueurs diagnostiques potentiels"
Ces résultats, publiés dans la revue npj Biofilms and Microbiomes, "offrent des biomarqueurs diagnostiques potentiels basés sur le microbiote et le métabolisme pour la SEP et ouvrent la voie à de nouvelles interventions thérapeutiques visant à améliorer la prise en charge de la maladie et l'issue thérapeutique", ont précisé les auteurs soulignant que le microbiote buccal étant plus facile d'accès et de manipulation que le microbiome intestinal.











