Oncologie
Cancers du sein HER2+ : le tucatinib, un nouveau standard en 3ème ligne métastatique
Chez les patientes suivies pour un cancer du sein HER 2+ avec métastases cérébrales, l’utilisation du tucatinib en association avec le trastuzumab et la capecitabine, double le taux de réponse objective cérébrale, réduit de 2/3 le risque de récidive cérébrale et de 50% le risque de décès global, comparativement au placebo associé au trastuzumab et à la capecitabine.
- Design Cells/istock
La survenue de métastases cérébrales reste une problématique récurrente dans la prise en charge des patientes traitées pour un cancer du sein métastatique HER2+. Cinquante pour cent d’entre elles vont en effet en développer au cours de leur suivie, avec à l’heure actuelle des recommandations limitées concernant les traitements systémiques, du fait de l’absence de grands essais randomisées, de la faible efficacité des traitements freinés par la barrière hémato encéphalique, et avec des rechutes élevées après traitement local.
La première publication de l’essai HERCLIMB par Murthy en 2019 a déjà montrée une réduction du risque de progression ou décès de 46% dans la population métastatique HER2+, et de 52% dans la population avec métastases cérébrales grâce à la combinaison tucatinib, trastuzumab capecitabine. L'actualisation des données est publiée dans le Journal of Clinical Oncology.
Actualisation des données de la cohorte « métastases cérébrales »
Les données exploratoires dans cette cohorte métastatique cérébrale HER2+, évaluant l’association trastuzumab capecitabine +/- tucatinib, confirment cette tendance avec une augmentation significative de la survie sans progression cérébrale, de la survie globale et du taux de réponse objective cérébrale dans le bras expérimental, et cela même en cas de métastases cérébrales « actives ».
Au total, les données de 291 patientes avec des métastases cérébrales ont été analysées, 198 dans le bras tucatinib et 93 dans le bras standard, dont 59.6% et 60.2% respectivement présentaient des métastases dites « actives », c’est-à-dire non traitées localement ou en progression au moment de l’étude. L’analyse par IRM cérébrale, selon les critères RECIST 1.1, était réalisée toutes les 6 semaines pendant 24 semaines puis toutes les 9 semaines.
Un bénéfice retrouvé même en cas de métastases cérébrales actives
L’étude est positive concernant son critère de jugement principal, avec une réduction du risque de récidive cérébrale de 68% en faveur du bras expérimental : la médiane de PFS cérébrale est de 9.9 mois dans le bras tucatinib vs 4.2 mois dans le bras standard (HR : 0,32 ; IC95 % : 0,22-0,48 ; p<0,0001).
Ce bénéfice est également présent en cas de métastases cérébrales « actives » : médiane de PFS cérébrale à 9.5 mois dans le bras expérimental vs 4.1 mois (p<0.0001). Concernant la survie globale, on observe une réduction du risque de décès de 42% dans le bras tucatinib, avec une médiane de survie globale de 18.1 mois vs 12.0 mois dans le bras standard (HR : 0,58 ; IC95 %: 0,40-0,85 ; p = 0,005), également retrouvé en cas de métastases « actives » (HR : 0.49, p<0.004). Il existe une augmentation du taux de réponse objective évalué à 47% dans le bras expérimental vs 20% dans le bras standard (p=0.03).
Enfin, chez les patientes ayant progressé uniquement au niveau cérébral, traitées localement, avec poursuite du protocole par la suite, on observe une réduction du risque de seconde progression ou de décès dans le bras expérimental de 67% (HR : 0,292 ; IC95 % : 0,11-0,77).
Tucatinib : nouveau standard en 3ème ligne ?
Par cette actualisation, le tucatinib appuie une fois de plus sa place dans la séquence thérapeutique des patientes traitées pour un cancer du sein HER2+, métastatiques avec ou sans atteinte cérébrale.
Déjà approuvé par la FDA depuis Avril 2020, se pose la question de son autorisation en France comme traitement de référence en 3ème ligne dans cette population et en combinaison avec le trastuzumab capecitabine.











