70 % de malades chroniques

Cancer de l’enfant : les patients souffrent de séquelles à long terme

Guérison n’est pas toujours synonyme de bonne santé. Les patients, qui ont survécu à un cancer pédiatrique, sont une majorité à souffrir de maladies chroniques et d’anxiété.

  • Par Audrey Vaugrente
  • EDWIN VELOO PICTURE PRESS EUROPE SIPA
  • 08 Avr 2015
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    Après le cancer, la vie ne reprend pas forcément son cours normal. 70 % des patients guéris d’un cancer pédiatrique souffrent d’une maladie chronique d’intensité faible à modérée. Les séquelles s’observent aussi sur le plan psychiatrique, alerte une étude parue dans Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention.

    Un risque variable

    400 000 Américains ont survécu à un cancer pendant l’enfance. La survie à long terme de ces patients s’améliore considérablement. Mais leur qualité de vie, elle, ne semble pas progresser. Depuis 1975, les anciens malades du cancer sont suivis dans le cadre du programme SEER (Surveillance, Epidemiology and End Results). Quelle que soit la tranche d’âge de ces survivants, une majorité d’entre eux souffre d’une maladie chronique.

    « Ces patients sont potentiellement plus vulnérables que les autres à certaines maladies », reconnaît le Dr Dominique Valteau, responsable du département Cancérologie de l’enfant à l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne), contactée par Pourquoidocteur. Cependant, le risque varie d’un patient à l’autre, précise-t-elle : « Un certain nombre de traitements peuvent générer plus de problèmes, en particulier les radiothérapies, les traitements potentiellement toxiques pour le cœur ou les reins. Certaines pathologies génèrent plus de troubles à distance. Mais pour une maladie survenue à un âge égal, avec le même traitement, les conséquences pour le patient peuvent être différentes. »

    Deux études française sur le devenir des patients

    En France, 25 000 personnes ont survécu à un cancer de l’enfant. Elles ne sont pas épargnées par les maladies chroniques. Deux études de cohorte ont été lancées pour évaluer la santé à long terme de ces patients particuliers : l’étude LEA (French Childhood Survivor Study for Leukemia) et l’étude FCCS (French Childhood Cancer Survivor Study). La première est menée à l’hôpital de La Timone (Marseille, Bouches-du-Rhône) et concerne les anciens patients traités pour leucémie. La seconde se déroule à l’Institut Gustave-Roussy et s’intéresse aux conséquences des tumeurs solides et des lymphomes. Elle intègre des personnes âgées de plus de 18 ans, considérées en rémission depuis au moins 5 ans.

    « On contacte les anciens patients pour faire le point. Ils sont revus par un oncologue pédiatrique, un médecin généraliste et un psychologue, explique le Dr Dominique Valteau. A la suite de la consultation, en fonction de ce qui est mis en évidence, on peut compléter la prise en charge avec des médecins spécialistes, et faire une synthèse qui permet de proposer une prise en charge adaptée au niveau de risque, qui dépend de la maladie, de l’âge à laquelle on l’a eu, des traitements reçus et de facteurs génétiques particuliers. Ces prises en charges permettent d’avoir une information adaptée, et de la transmettre aux patients dans une situation de dialogue. »

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    JDF