oncologie
giredestrant : vers une nouvelle norme d’hormonothérapie dans le cancer du sein ER+ HER2-
Au symposium sur le cancer du sein de San Antonio (Sabcs 9-12 décembre 2025), l'administration d'un nouveau traitement oral a démontré un réel bénéfice pour les patients dans le cancer du sein hormono-dépendant. C'est une première avancée enregistrée depuis 25 ans en 2000, l'année où a été validée l'introduction d'un inhibiteur de l'aromatase.
- Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock
Le giredestrant est un inhibiteur oral de nouvelle génération du récepteur aux œstrogènes, appartenant à la classe des Sélective Estrogen Receptor Degraders (SERD), qui agit à la fois comme antagoniste complet du récepteur œstrogénique et induit sa dégradation. Conçu pour dépasser certaines limites des thérapeutiques endocriniennes classiques, ce composé offre une alternative prometteuse à l'hormonothérapie adjuvante traditionnelle chez les patients atteintes de cancer du sein hormono-dépendant.
Les cancers du sein estrogéno-récepteurs positifs (ER+) et HER2 négatifs représentent environ 70 % des cas observés, et malgré des stratégies adjuvantes bien établies (inhibiteurs de l'aromatase,tamoxifène), jusqu'à un tiers des patients doivent affronter une récidive dans les années qui suivent la chirurgie. Depuis plus de deux décennies, l'optimisation de l'hormonothérapie adjuvante n'avait pas conduit à un progrès majeur en termes de survie sans maladie.
Lors du San Antonio Breast Cancer Symposium (SABCS) 2025, les résultats intermédiaires de l'essai de phase III lidERA ont été présentés, démontrant pour la première fois qu'un SERD oral peut améliorer de manière significative la survie sans maladie invasive chez des patients avec un cancer du sein précoce ER+ HER2− traité en adjuvant.
Un risque de récidive réduit de 30%
Dans cette étude, 4 170 patients ont été randomisés pour recevoir soit giredestrant (30 mg/j), soit une hormonothérapie adjuvante standard (tamoxifène ou un inhibiteur de l'aromatase au choix du clinicien).
À l'analyse intermédiaire, le critère principal a été atteint de façon statistiquement significative. Le giredestrant a réduit le risque de récidive invasive ou de décès d'environ 30 % par rapport aux traitements standards (hazard ratio [HR] = 0,70 ; p = 0,0014). Après trois ans, 92,4 % des patients traités par giredestrant étaient vivants et sans maladie invasive, contre 89,6 % dans le bras contrôle.
Cet avantage a été observé de manière cohérente au sein des sous-groupes cliniques pertinents, soulignant la robustesse du bénéfice. En outre, giredestrant a également montré une réduction du risque de récidive à distance, un paramètre clé qui contribue directement au pronostic à long terme.
Les données de survie globale restent immatures mais montrent une tendance favorable, qui nécessitera un suivi prolongé.
Le profil de tolérance de giredestrant, tel que rapporté jusqu'ici, est généralement favorable, avec des événements indésirables compatibles avec sa classe thérapeutique et une gestion acceptable en pratique clinique.
Ces données révèlent que ce SERD oral pourrait devenir une option adjuvante de choix, offrant une meilleure efficacité sans nuire à la tolérance par rapport aux thérapies de référence actuelles, dans un contexte où l'adhésion au traitement peut être un enjeu.
Un double mode d'action
Sur le plan pharmacologique, giredestrant a montré une activité antitumorale supérieure en préclinique par rapport à d'autres SERD oraux et à certaines formes d'hormonothérapie conventionnelles, en combinant inhibition forte du récepteur et dégradation de ce dernier. Cette
double action lui confère un potentiel pharmacodynamique intéressant, justifiant son développement en monothérapie ou en combinaison avec d'autres agents ciblés.
Parallèlement à son développement en adjuvant, giredestrant est également évalué dans des contextes métastatiques plus avancés. endocrinienne.
Ces données illustrent l'intérêt d'un SERD oral dans des séquences post-CDK4/6i, où les options thérapeutiques restent limitées et où les mutations ESR1 sont fréquentes. La combinaison giredestrant + évérolimus offre une option entièrement orale, ce qui peut améliorer le confort pour les patients tout en conservant une activité antitumorale robuste.
L'impact de ces résultats est majeur : si le bénéfice observé se confirme avec un suivi prolongé, giredestrant pourrait devenir une nouvelle norme d'hormonothérapie adjuvante dans les cancers du sein ER+ HER2−, remplaçant ou potentiel complétant les inhibiteurs de l'aromatase et du tamoxifène, avec une réduction significative des récidives. Ce qui représentait le premier progrès
notable en plus de 20 ans dans ce domaine thérapeutique.
Au final, giredestrant constitue une avancée importante dans l'hormonothérapie du cancer dusein ER+ HER2−, avec des données robustes d'amélioration de la survie sans maladie invasive en adjuvant, dotées du potentiel de devenir un nouveau standard de soin. Son développement illustre bien l'évolution des stratégies endocriniennes vers des molécules orales plus performantes et mieux tolérées, adaptées aux besoins des patients sur le long terme.








