Prédisposition

Peut-on repérer l'addiction dans le cerveau des enfants ?

Une étude menée sur près de 1.900 enfants révèle que les prédispositions aux addictions se manifesteraient dans le cerveau bien avant toute consommation, et ce, différemment selon le sexe.

  • SbytovaMN / istock
  • 22 Novembre 2025
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    Peut-on détecter les racines de l'addiction avant même que les enfants ne touchent à une substance ? C’est ce que suggère une étude de l’université Weill Cornell Medicine, publiée dans la revue Nature Mental Health, qui met en lumière des différences cérébrales précoces entre enfants issus de familles avec antécédents de troubles addictifs.

    Un cerveau déjà différent avant toute consommation

    Les chercheurs ont analysé les IRM de près de 1.900 enfants âgés de 9 à 11 ans, participants à la vaste étude américaine ABCD (Adolescent Brain Cognitive Development). Il apparaît que les enfants issus de familles touchées par les addictions présentent des activités cérébrales particulières, distinctes selon le sexe.

    Pour les filles, les chercheurs ont détecté une plus grande "énergie de transition" dans le default mode network, réseau cérébral lié à l’introspection. Cela signifie que leur cerveau déploie davantage d'efforts pour passer d’une pensée interne à une attention dirigée vers l’extérieur. "Cela pourrait refléter une difficulté à se détacher des états internes négatifs comme le stress ou les ruminations mentales", explique Louisa Schilling, doctorante et première autrice de l’étude, dans un communiqué.

    Chez les garçons, c’est l’inverse : une faible "énergie de transition" dans les réseaux de l’attention suggère une plus grande facilité à réagir aux stimuli extérieurs. Selon la professeure Amy Kuceyeski, "leurs cerveaux semblent passer d’un état à un autre sans effort, ce qui peut se traduire par un comportement plus impulsif et une attirance accrue pour les expériences stimulantes".

    Des risques différents, des préventions ciblées

    Ces différences, observées avant toute exposition à une quelconque substance, suggèrent des vulnérabilités héréditaires ou environnementales. Les chercheurs insistent sur l’importance d’analyser les données selon le sexe, car des analyses moyennes masquent ces nuances entre les sexes. "Reconnaître que filles et garçons suivent des chemins neuronaux différents vers une même addiction permettrait de mieux adapter la prévention", conclut Dr Kuceyeski. Pour les filles, il s'agirait d'aider à gérer le stress interne ; pour les garçons, de renforcer le contrôle de l'impulsivité.

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