Diabétologie
Diabète de type 1 : transplantation d’îlots allogéniques sans immunosuppression
Pour la première fois, des îlots pancréatiques allogéniques génétiquement modifiés ont survécu 12 semaines chez un patient diabétique de type 1, sans immunosuppression, tout en produisant de l’insuline en réponse au glucose.
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La transplantation d’îlots pancréatiques est une voie prometteuse pour restaurer la sécrétion d’insuline dans le diabète de type 1, mais elle nécessite habituellement une immunosuppression lourde et toxique.
Pour contourner cette limite, une équipe internationale a développé des cellules « hypoimmunes » capables d’échapper au système immunitaire du receveur. Ces îlots dérivent d’un donneur allogénique, modifiés pour supprimer les antigènes HLA de classe I et II et surexprimer la molécule CD47, qui empêche leur élimination par les macrophages et les cellules NK. L’objectif : démontrer qu’une telle greffe peut survivre et fonctionner sans médicaments immunosuppresseurs.
Des résultats spectaculaires chez un premier patient
L’étude, menée chez un homme de 42 ans atteint de diabète de type 1 depuis 37 ans, constitue une première mondiale. Près de 70 millions de cellules modifiées (UP421) ont été injectées dans le muscle de l’avant-bras, sans traitement immuno-suppresseur. Durant le suivi de 12 semaines, aucune réaction immunitaire n’a été détectée contre les cellules modifiées, contrairement aux cellules non-éditées détruites dès le 7ᵉ jour, et il n’y a pas eu d’induction d’anticorps circulants. Sur le plan fonctionnel, le C-peptide (marqueur de production d’insuline) est resté stable entre 7 jours et 12 semaines, avec une réponse croissante au test de repas mixte. Aucun événement indésirable grave n’a été observé : quatre effets bénins, dont une paresthésie du bras gauche et une phlébite, sans lien avec la thérapie.
Vers une nouvelle ère de la transplantation cellulaire
Ces résultats valident le concept d’évasion immunitaire comme alternative à la tolérance induite par immuno-supresseur. Si l’expérience reste limitée à un seul patient et à un suivi court, elle ouvre la voie à des greffes cellulaires allogéniques sans immunosuppression, et potentiellement applicables à d’autres tissus. Les auteurs envisagent désormais des doses plus élevées pour atteindre l’indépendance insulinique complète et des essais cliniques répétés afin de confirmer la sécurité à long terme. Au-delà du diabète, cette technologie pourrait transformer la médecine régénérative, en rendant la transplantation de cellules universelles enfin possible.








