Endocrinologie

L’ocytocine joue-t-elle également "l'hormone de l'amitié" ?

Les récepteurs de l'ocytocine interviennent dans la formation d'amitiés chez les campagnols des prairies.

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  • 16 Aoû 2025
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    Appelée "hormone du plaisir", "hormone du bonheur", "hormone de l’attachement mère-enfant" ou encore "hormone de l’amour", l’ocytocine est libérée dans le cerveau lors des rapports sexuels, de l'accouchement, de l'allaitement et des interactions sociales, et contribue aux sentiments d'attachement, de proximité, d’empathie et de confiance. Étant donné que les amitiés sont un élément essentiel du bon fonctionnement social chez les êtres humains, des chercheurs de l’université de Californie à Berkeley (États-Unis) ont voulu savoir si l'ocytocine était aussi essentielle à la formation d'amitiés.

    3 expériences pour évaluer le rôle de l’ocytocine dans la formation de liens durables

    "Comme les êtres humains, les campagnols des prairies font partie des rares espèces mammifères qui forment des liens sociaux sélectifs à la fois avec leurs pairs et leurs partenaires, ce qui en fait un excellent modèle pour l'étude de l'attachement social sélectif", a précisé l’équipe. Dans le cadre des travaux, elle a exploré le rôle des récepteurs de l'ocytocine dans l'attachement sélectif en utilisant des campagnols des prairies femelles dépourvus d'un gène récepteur de l'ocytocine fonctionnel (Oxtr1−/−). Au total, trois séries d'expériences ont été menées. Dans l'une d'elles, les auteurs ont testé le temps nécessaire aux campagnols pour établir une préférence pour un partenaire. Ensuite, des campagnols en couple depuis longtemps dans un groupe mixte de type fête ont été placés dans un enclos avec d'autres campagnols et de nombreuses pièces reliées par des tubes. Enfin, les scientifiques ont testé la force des liens entre « pairs » et entre partenaires en demandant aux campagnols d'actionner des leviers pour accéder soit à un ami/partenaire, soit à un inconnu.

    Les animaux dépourvus de récepteurs à l'ocytocine mettent plus de temps à se faire des amis

    Selon les résultats, publiés dans la revue Current Biology, les animaux des prairies dépourvus de récepteurs à l'ocytocine présentaient des retards significatifs dans la formation d’amitiés. Dans le détail, alors que les campagnols normaux ont besoin d'environ 24 heures de proximité pour établir une relation qui les amène à choisir ce partenaire plutôt qu'un inconnu, ceux n’ayant pas de récepteurs d'ocytocine n'ont montré aucune préférence pendant ce laps de temps et ont mis jusqu'à une semaine à établir une préférence pour un partenaire.

    "L'ocytocine semble être particulièrement importante dans la phase initiale de formation des relations, et notamment dans leur sélectivité : 'Je te préfère à cet inconnu' par exemple. Les animaux dont la signalisation de l'ocytocine était déficiente ont mis plus de temps à nouer des relations. Et lorsque nous avons remis en question ces relations en créant de nouveaux groupes, ils ont immédiatement perdu la trace de leurs partenaires d'origine et se mélangeaient. C'était comme s'ils n'avaient même pas de partenaire avec eux", ont expliqué les chercheurs.

    "Les relations entre partenaires sont plus enrichissantes"

    Dans la dernière expérience, les campagnols normaux exercent une pression plus forte pour obtenir leur partenaire que pour obtenir un inconnu. Ceux dépourvus d'un gène récepteur de l'ocytocine fonctionnel exercent également une pression plus forte pour atteindre leur partenaire, mais pas pour les relations entre amis. "Cela paraît logique, car nous pensons que les relations entre partenaires sont plus enrichissantes que les relations entre pairs, ou du moins qu'elles dépendent davantage des voies de signalisation de la récompense."

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    JDF