Urologie

Cancer de la prostate localisé : comparée à la surveillance active, la chirugie n’améliore pas la survie

La prostatectomie et la radiothérapie n'améliorent pas la survie des patients atteints d'un cancer de la prostate localisé et diagnostiqué par les PSA, par comparaison à une surveillance active. C'est le résultat d'une étude britannique avec un suivi de 10 ans.

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  • 15 Septembre 2016
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    L’approche à adopter pour traiter un cancer de la prostate localisé détecté sur une élévation des PSA est régulièrement discutée, la prostatectomie n’étant pas toujours justifiée. Une étude parue en deux volets dans le New England Journal of Medicine pourrait bien trancher ce débat. Réalisée par l’université d’Oxford (Royaume-Uni), elle montre qu’entre la chirurgie, la radiothérapie et une surveillance active, aucune différence n’émerge sur la survie. Pourtant, le suivi s'est prolongé pendant une décennie auprès de 82 429 hommes de 50 à 69 ans.

    99 % de survie

    Parmi ces volontaires, une tumeur de la prostate a été détectée à l’aide d’un dosage du PSA dans 1 640 cas. De manière aléatoire, les participants ont été répartis en trois groupes. Les uns ont subi une ablation totale de la prostate, d’autres une radiothérapie, un troisième groupe a été simplement suivi plus régulièrement, afin d’observer l’évolution de la tumeur. C’est la première fois qu’une étude de ce type est réalisée.

    Les résultats sont plutôt positifs : 99 % des hommes étaient toujours en vie au terme des 10 ans. Un taux exceptionnel, mais surtout stable dans les trois approches. « Une conclusion d’autant plus appréciable que la qualité de vie, y compris les symptômes de dépression et d’anxiété, est également bonne chez la majorité des participants.

    Des effets secondaires lourds

    C’est surtout sur le plan des effets secondaires que la surveillance active se distingue. Le traitement par chirurgie induit des effets secondaires à long terme, particulièrement marqués dans l’année qui suit l’intervention. La prostatectomie double le nombre d’hommes qui souffrent d’incontinence urinaire et de troubles sexuels par rapport à la radiothérapie. Le traitement par rayons, lui, augmente la fréquence des troubles intestinaux. « Chaque traitement a un impact et des effets différents, et nous devons effectuer un suivi plus long pour observer leur équilibre sur les 10 années à venir », résume le Pr Jenny Donovan, qui signe également l’étude.

    Ces effets secondaires pourraient sembler tolérables au vu des bénéfices qu’ils apportent : la progression de la tumeur vers le stade métastatique est divisée par deux par rapport à la surveillance active. Mais cela ne se traduit pas par une survie améliorée. « Aucune progression n’a lieu chez les trois quarts des hommes sous surveillance au cours des 10 ans de suivi », souligne le Pr David Neal, co-auteur de l’étude. Une décennie supplémentaire d’observation sera nécessaire pour confirmer ces résultats. Les enjeux sont réels puisque les travaux font partie d’une stratégie de réévaluation du dosage du PSA, dont l’efficacité est remise en question.

    10-Year Outcomes after Monitoring, Surgery, or Radiotherapy for Localized Prostate Cancer

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