Epidémie
Chikungunya et dengue : l’Hexagone face à une double menace virale ?
Une recrudescence inédite de cas de chikungunya et un premier cas autochtone de dengue inquiètent les autorités sanitaires en France métropolitaine. En cause : la prolifération du moustique tigre et l’impact des épidémies dans l’océan Indien.

- Par Stanislas Deve
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Santé publique France vient de publier son dernier bilan de la surveillance renforcée des arboviroses en France métropolitaine, du 1er mai au 8 juillet 2025. Depuis deux mois, les autorités sanitaires constatent une situation alarmante : la multiplication des foyers de chikungunya, mais aussi l'apparition de la dengue sur le territoire métropolitain. Deux virus tropicaux transmis par le moustique tigre qui inquiètent les épidémiologistes.
Des transmissions locales de plus en plus précoces
Au 8 juillet 2025, neuf épisodes de transmission autochtone de chikungunya ont été identifiés, impliquant 25 cas locaux et 761 cas importés. "Une telle précocité dans la saison d'activité du moustique et un nombre aussi élevé d'épisodes n'avaient jamais été observés jusqu'à présent", souligne Santé publique France. Ces foyers concernent les régions traditionnellement touchées (PACA, Corse, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes), mais aussi, pour la première fois, le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine. Parallèlement, un premier cas autochtone de dengue a été détecté début juillet en Auvergne-Rhône-Alpes.
Le moustique tigre (Aedes albopictus), vecteur de ces virus, continue de coloniser le territoire : en 2025, il est implanté dans 84 % des départements. "Malgré une baisse du nombre de cas importés de chikungunya, leur niveau contribue à l'apparition de transmissions autochtones dans l'Hexagone", rappelle l'agence sanitaire. Au total, depuis 2010, 53 épisodes de transmission autochtone des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika ont été identifiés dans l’Hexagone : 48 de dengue, 4 de chikungunya et 1 de Zika, rapporte l’agence sanitaire.
D’après Santé publique France, l’épidémie majeure à La Réunion (environ 200.000 cas, une vingtaine de décès), et dans une moindre mesure à Mayotte, reste un facteur d’importation important, tout comme les fortes chaleurs qui favorisent l'activité du moustique.
Vaccination : une option encore limitée
Faut-il donc craindre une épidémie de chikungunya en France métropolitaine ? "Le risque est réel", prévient Éric d'Ortenzio, épidémiologiste à l'Inserm, interrogé par France Info. Il plaide pour une mobilisation collective : "surveiller" la situation et "dire à la population de se protéger", en utilisant des répulsifs, "seul moyen de prévention contre cette maladie", et en limitant la prolifération des moustiques tigres, par exemple en éliminant les eaux stagnantes.
Pour l'heure, il n'existe pas de traitement spécifique contre le chikungunya et le vaccin contre le virus, Ixchiq, suscite des réserves : l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a rapporté 47 effets indésirables, dont 18 graves et 3 décès (sans lien formel pour deux d'entre eux). Dès lors, les autorités ne le recommandent plus aux plus de 65 ans. Aucun vaccin n’est pour l’instant disponible pour la dengue en France.
Face à cette double menace virale, la prévention reste essentielle : port de vêtements couvrants, moustiquaires, répulsifs, et éradication des gîtes larvaires.