Infectiologie
Des nouveaux traitements oraux contre la gonorrhée.
Alors que la FDA a autorisé ce jeudi 11 décembre le premier traitement oral contre la gonorrhée depuis des décennies, le Lancet publie une étude confirmant l’efficacité clinique d’un autre antibiotique par voie orale. L’arsenal thérapeutique devrait enfin s’élargir pour cette IST.
- Tatina Twerdowska/iStock
La gonorrhée, on le sait, est une préoccupation de santé publique mondiale, avec 82,4 millions de nouveaux cas estimés en 2020.La résistance aux antibiotiques a rendu le traitement de la gonorrhée de plus en plus difficile. Avec pour urgence le développement de nouveaux traitements. Mais la promesse, cette fois, est devenue une réalité.
Dans l’essai clinique de phase 3 ( Zoliflodacin versus ceftriaxone plus azithromycin for treatment of uncomplicated urogenital gonorrhoea: an international, randomised, controlled, open-label, phase 3, non-inferiority clinical trial) publié par le Lancet, l'efficacité et la sécurité du zoliflodacin ont été comparées à celle du céftriaxone associé à l'azithromycine pour le traitement de la gonorrhée urogénitale non compliquée.
L'étude a inclus des participants âgés de 12 ans et plus, avec des symptômes de gonorrhée urogénitale. 930 participants ont été randomisés, dont 199 (21%) vivaient avec le VIH, pour recevoir soit 3 g de zoliflodacin, soit 500 mg de céftriaxone et 1g d'azithromycine
Guérison microbiologique à 90,9%
Principal résultat de l’étude, le taux de guérison microbiologique à 6 jours s’est élevé à 90,9 % pour le zoliflodacin contre 96,2 % pour le comparateur. La différence estimée entre les groupes était de 5,3%, respectant la marge de non-infériorité de 12 %.
Les résultats des cultures ont révélé 80% de positifs pour les sites urogénitaux, 12% pour les site rectaux et 9% pour les sites pharyngés. La concordance entre les laboratoires locaux et centraux pour l'identification des isolats de N gonorrhoeae était supérieure à 98%.
Les taux de guérison microbiologique pour les sites pharyngés et rectaux étaient similaires entre les groupes de traitement.
Concernant le profil de profil de sécurité de zoliflodacin, il a été généralement bien toléré, avec des événements indésirables similaires entre les deux groupes.
Les effets indésirables les plus fréquents incluent des céphalées, (10 %), la neutropénie (7 %) et leucopénie (4 %) dans le groupe zoliflodacin.
Quel est son mode d'action? Le zoliflodacin est un nouvel antibiotique oral appartenant à la classe des spiropyrimidinétriones, une
famille différente des fluoroquinolones, des céphalosporines et des macrolides. Sa cible est la sous-unité GyrB de l’ADN gyrase de Neisseria gonorrhoeae. Ce qui permet de bloquer l’activité de rupture et de recollement de l’ADN nécessaire à la réplication et à la réparation.
Cette cible est différente des quinolones classiques comme la ciprofloxacine, qui agissent surtout sur GyrA et ParC. D’où son
efficacité contre des souches résistantes aux fluoroquinolones, associée à une faible probabilité de résistance croisée grâce à sa cible unique.
Le protocole de cet essai de phase III comprend toutefois certaines llimites. L’étude avait un design ouvert, ce qui pourrait avoir influencé les résultats. Le nombre de femmes et d'adolescents inclus était faible. Enfin, des études futures devraient explorer l'efficacité du zoliflodacin dans des populations prioritaires et pour les infections extra génitales.
Approbation du gepotidacin par la FDA le 11 décembre
Mais en parallèle à la publication de ces travaux, la FDA a étendu le 11 décembre l’approbation de Blujepa (gepotidacin), un concurrent direct du Zoliflodacin, au traitement oral de la gonorrhée non compliquée chez les patients âgés de plus de 12 ans. Ce qui le consacre comme le premier nouveau traitement oral approuvé depuis des décennies. La gépotidacine aux États-Unis est déjà prescrite chez les femmes âgées de 12 ans et plus pour le traitement des infections urinaires non compliquées,
Alors que l’antibiorésistance progresse- avec en France l'identification récd'un isolat présentant une résistance confirmée à ceftriaxone dans un profil multi-résistant- ces nouveaux antibiotiques par voie orale modifient la donne. D’autant que l’approbation de zoliflodacin par la FDA ne devrait pas tarder.











