Neurologie

Sclérose en plaques : traiter les poussées est associé à une limitation du handicap

Même si le pronostic fonctionnel est amélioré par le traitement de fond, chaque poussée non traitée par un bolus de corticoïde est associée à une majoration du risque d’aggravation du handicap à 5 ans1

  • mi-viri/istock
  • 16 Septembre 2025
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    Depuis les résultats de l’étude ONTT2, les neurologues avaient l’habitude d’expliquer aux patients que le traitement des poussées par bolus de corticoïdes n’avait pour seul intérêt que de raccourcir la durée de l’inflammation et donc la gêne, mais qu’il n’avait pas d’impact sur le pronostic futur (à 15 ans dans cette étude).

    Les auteurs ont cherché à vérifier si cette assertion était valide en utilisant les données de la MSBase : 3673 patients SEP âgés en moyenne de 38 ans, avec un EDSS moyen de 2 ont été analysés et 5809 poussées ont été identifiées sur une période de suivi médiane de 5,2 ans correspondant à 30175 patients-années. Le critère principal était l’aggravation du score EDSS ≥1.

    L’absence de traitement des poussées est associée à une aggravation

    Parmi les 5809 poussées, 4671 ont été traitées par bolus de corticoïdes et 1138 non traitées, 70,5% étaient modérées ou sévères, et seules 12,2% sont survenues chez des patients sous traitement de fond d‘efficacité modérée (modulateurs S1P, Cladribine) ou de haute efficacité (anticorps monoclonaux, mitoxantrone, greffe de cellules souches, cyclophosphamide).

    Un tiers des patients (32,7%) ont eu une aggravation EDSS≥1 et parmi eux, les patients dont les poussées n’avaient pas été traitées étaient plus à risque d’avoir cette aggravation : HR=1,72 (IC à 95% : 1,57-1,88) vs HR=1,50 (IC à 95% : 1,43-1,88) chez les patients ayant bénéficié de bolus. Les poussées non traitées chez les patients sous traitement d’efficacité modérée ou haute avaient tendance à être associées à une aggravation du handicap. Au final, chaque poussée non traitée est associée à une majoration du risque d’aggravation du handicap de 72% alors que ce risque n’était que de 50% si la poussée était traitée par des bolus.

    Le traitement des poussées peut réduire le risque d’aggravation du handicap à long terme

    Ces éléments remettent en question l’impact des bolus sur le pronostic futur de la maladie. Certes, cette étude se base sur des données rétrospectives dont les plus anciennes remontent aux années 80, avec un risque de biais importants (données issues de différents pays et continents, pas d’IRM nécessaire pour valider une poussée, entre autres), néanmoins on notera que la durée de suivi est significative (5,2 ans en médiane) et qu’on retrouve l’impact positif de l’intensité des traitements sur le moindre risque de séquelles suite à une poussée.

    Les auteurs suggèrent donc aux neurologues d’indiquer à leurs patients que le traitement des poussées peut réduire le risque d’aggravation du handicap à long terme afin de leur permettre de bénéficier plus largement encore des bolus (près de 80,4% des poussées étaient déjà traitées dans cette étude).

     

    References :

    Roberts JI, Sharmin S, Horakova D, Kubala Havrdova E, Ozakbas S, Lugaresi A, Tomassini V, Alroughani R, Buzzard K, Skibina O, Boz C, Turkoglu R, Maimone D, Yamout B, Khoury SJ, Spitaleri D, Lechner-Scott J, Girard M, Duquette P, Al-Asmi A, Ampapa R, Foschi M, Surcinelli A, Patti F, Van Pesch V, Ramo-Tello C, Sánchez-Menoyo JL, Altintas A, Grammond P, Cartechini E, Csepany T, Laureys G, Willekens B, Roos I, Kalincik T, Study Group M. Corticosteroid treatment of multiple sclerosis relapses is associated with lower disability worsening over 5 years. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2025 Jul 28:jnnp-2025-336343. doi: 10.1136/jnnp-2025-336343. Epub ahead of print. PMID: 40721309.

    Visual Function 15 Years after Optic Neuritis. Ophthalmology 2008;115:1079–82.

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