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Cancer : les promesses d'un vaccin expérimental à nanoparticules
Des chercheurs américains ont mis au point un vaccin à nanoparticules qui protège des souris contre le mélanome, le cancer du pancréas et le cancer du sein triple négatif, avec des taux de réussite inédits.

- Par Stanislas Deve
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- Cindy Shebley / istock
Et si le cancer pouvait être prévenu par simple vaccination ? C’est le pari réussi d’une équipe de l’Université du Massachusetts à Amherst (UMass Amherst), aux Etats-Unis, qui a conçu un vaccin à base de nanoparticules capable de protéger des souris contre plusieurs cancers agressifs, dont le mélanome, le cancer du pancréas et celui du sein triple négatif. Dans certaines expériences, jusqu’à 88 % des souris vaccinées sont restées indemnes de tumeurs.
Un vaccin préventif mais aussi protecteur
Le principe, détaillé dans la revue Cell Reports Medicine, repose sur une nanoparticule qui transporte à la fois l’antigène (la "cible" à détecter) et l’adjuvant (le "signal d’alarme" pour activer le système immunitaire). Cette double activation permet de déclencher une réaction immunitaire puissante. "En stimulant le système immunitaire via plusieurs voies et en combinant cela à des antigènes spécifiques aux cancers, nous pouvons prévenir la croissance tumorale avec des taux de survie remarquables", affirment les chercheurs dans un communiqué.
Premier test : une formulation ciblant le mélanome. Trois semaines après vaccination, 80 % des souris exposées à des cellules cancéreuses sont restées en bonne santé pendant les 250 jours de l’expérience. Aucun des autres groupes (souris non vaccinées ou vaccinées avec des méthodes classiques) n’a survécu plus de 35 jours. Mieux : le vaccin en question a empêché la propagation des cellules cancéreuses aux poumons.
Un espoir thérapeutique pour les patients à risque
Ce type d’immunothérapie a un atout majeur : la mémoire immunitaire. "La mémoire ne se limite pas localement à l’organe visé, elle est systémique", explique Atukorale. Une fois les cellules T activées, elles patrouillent dans tout l’organisme, prêtes à intervenir.
Pour tester la généralisation du vaccin, les chercheurs ont ensuite utilisé des cellules cancéreuses tuées comme source d’antigènes. Le vaccin a ainsi protégé 88 % des souris contre le cancer du pancréas, 75 % contre le cancer du sein, et 69 % contre le mélanome. Toutes ont aussi été protégées contre les métastases.
Cette technologie pourrait servir de plateforme pour des vaccins thérapeutiques et préventifs, notamment chez les patients à haut risque. L’équipe a même fondé une start-up, NanoVax Therapeutics, pour accélérer les applications cliniques. "L’objectif final est d’améliorer la vie des patients", concluent les chercheurs.