Horloge biologique

Ecrans : comment la lumière artificielle dérègle notre cerveau

Travailler ou s’exposer à la lumière artificielle la nuit perturbe notre horloge biologique et affecte le cerveau, déréglant l’immunité, l’inflammation, le sommeil ou encore l’humeur, rappelle un neuroscientifique américain.

  • gorodenkoff / istock
  • 16 Jul 2025
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    Télévision allumée jusqu'à l’aube, travail de nuit sur ordinateur, notifications incessantes du téléphone sous la couette... Nos soirées et nos nuits, baignées de la lumière artificielle des écrans, ne sont pas sans conséquence sur notre santé. Dans une interview publiée dans Genomic Press, le Dr Randy Nelson, neuroscientifique à l’Université de Virginie-Occidentale aux Etats-Unis, tire la sonnette d’alarme : "L’exposition à la lumière artificielle la nuit perturbe nos horloges biologiques internes et modifie fondamentalement le fonctionnement du cerveau."

    Un cerveau programmé pour l’obscurité

    Pendant des millions d'années, notre corps s'est réglé sur des cycles prévisibles de jour et de nuit. Au centre de ce système : une horloge interne, un minuscule groupe de neurones qui coordonne la température corporelle, la sécrétion d'hormones et l'activité de nos organes. Or, lorsque la lumière frappe nos yeux pendant la nuit, cette horloge circadienne se dérègle, envoyant des signaux contradictoires au cerveau. "Nous observons alors des perturbations de l’immunité, de l’inflammation, du sommeil, du métabolisme et de l’humeur", résume le Dr Nelson, dans un communiqué.

    Les travailleurs de nuit sont en première ligne. Près de 15 % des actifs américains – et plus de 11 % des Français, selon une enquête de la Dares – exercent des professions nocturnes : infirmiers, ouvriers, agents de sécurité... Tous sont confrontés à une rupture chronique avec leur rythme circadien naturel. Leur organisme réagit par des troubles métaboliques, une mauvaise régulation de la glycémie, une hausse de l’inflammation cérébrale, ainsi que des modifications hormonales favorisant anxiété, dépression et prise de poids. "L’effet n’est pas qu’un simple manque de sommeil : il touche l’ensemble du fonctionnement biologique", prévient le chercheur.

    Quelles solutions contre la lumière nocturne ?

    Pour contrer ces effets, deux essais cliniques sont en cours dans des unités de soins intensifs aux Etats-Unis. L’objectif : voir si bloquer la lumière nocturne peut améliorer le rétablissement après un accident vasculaire cérébral ou une chirurgie cardiaque. Parallèlement, des dispositifs lumineux bleus sont testés pour aider les infirmières de nuit à reprogrammer leur horloge interne. "Ces essais pourraient transformer l’approche de l’éclairage dans les hôpitaux et les lieux de travail", espère Nelson. D’après le chercheur, de simples ajustements – rideaux occultants, lumières rouges le soir, lumières dynamiques au bureau – pourraient suffire à protéger nos cerveaux.

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    JDF