Audition

Acouphènes : les mouvements du visage et des pupilles peuvent révéler leur gravité

Des chercheurs ont identifié des biomarqueurs faciaux et oculaires qui permettent d’évaluer la gravité des acouphènes.

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  • 04 Mai 2025
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    La gravité des acouphènes est uniquement déterminée par le biais d’un questionnaire aux patients. Face à ce “vide”, des chercheurs de Mass General Brigham ont voulu identifier des mesures objectives qui permettraient de diagnostiquer la sévérité du trouble auditif, caractérisé par des sons fantômes désagréables persistants. Et, ils y sont parvenus.

    Selon leur article paru dans Science Translational Medicine, la gravité des acouphènes peut être mesurée en observant les micro-mouvements faciaux et la dilatation des pupilles.

    Acouphènes : les pupilles se dilatent davantage et les mouvements du visage sont atténués

    En plus d’observer les mesures classiques de l'audition et de la fonction auditive cérébrale, l’équipe s’est intéressée au système nerveux sympathique, et plus précisément le mécanisme "combat, fuite ou immobilisation" de l'organisme. Elle voulait savoir si les patients souffrant d’acouphènes affichaient des signes extérieurs et involontaires de détresse comme la dilatation des pupilles (qui est un signe d'éveil accru) ou encore des mouvements faciaux involontaires.

    Les chercheurs ont ainsi réuni 97 participants, dont 47 présentant différents niveaux d'acouphènes et de sensibilité sonore. Les autres n’avaient aucun problème d’audition et servaient de groupe témoin. Les volontaires écoutaient des sons agréables, neutres ou pénibles et désagréables (comme des quintes de toux, des cris ou les pleurs d'un bébé) tout en ayant le visage filmé. Grâce à l'intelligence artificielle, les chercheurs ont détecté que les mouvements faciaux involontaires, rapides et subtils (contractions des joues, des sourcils ou des narines) étaient corrélés aux niveaux de détresse acouphénique décris par les participants. De plus, la mesure de la dilatation pupillaire augmentait le pouvoir prédictif.

    "Chez les personnes souffrant d'acouphènes sévères, les pupilles se dilataient fortement à tous les sons (agréables, neutres ou désagréables), tandis que les mouvements du visage étaient atténués en réponse à ces mêmes sons. En revanche, les personnes sans acouphènes ou ayant des acouphènes moins gênants présentaient une dilatation pupillaire et des mouvements du visage exagérés uniquement aux sons les plus désagréables. Ces mesures permettaient également de prédire les scores individuels des questionnaires concernant la gravité de l'hyperacousie (tolérance réduite aux sons), bien que les résultats ne soient pas aussi précis que la gravité des acouphènes", indiquent les auteurs dans leur communiqué.

    Acouphènes : des biomarqueurs qui vont faciliter le diagnostic

    La découverte de ces biomarqueurs des acouphènes pourrait améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients qui souffrent de ce trouble auditif qui affecte grandement la qualité de vie.

    "Ce qui est vraiment passionnant, c'est que cette approche de la gravité des acouphènes n'a pas nécessité de scanners cérébraux hautement spécialisés ; elle relevait plutôt d'une technologie relativement simple", explique le Dr Daniel Polley qui a travaillé sur cette étude. "Si nous parvenons à adapter cette approche aux appareils électroniques grand public, ils pourraient être utilisés dans les cliniques de santé auditive, comme mesures objectives dans les essais cliniques et par le grand public."

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    JDF