Fertilité
Ils organisent une “course des spermatozoïdes” pour sensibiliser au déclin de la fertilité
Une start-up américaine a organisé une course entre les spermatozoïdes de deux adolescents dans le but de sensibiliser au déclin de la fertilité.

- Par Diane Cacciarella
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- LYagovy/iStock
“Liver sperm racing”, la première course de spermatozoïdes vivants a eu lieu la semaine dernière à Los Angeles, aux États-Unis. Retransmis en direct sur les réseaux sociaux, l'événement avait pour but de sensibiliser au déclin de la fertilité, selon Sperm Racing, la start-up qui l’a organisé.
Une course de spermatozoïdes sur grand écran
Mis en scène comme un véritable show à l’américaine, les spermatozoïdes d’Asher et de Tristan, deux étudiants d’universités californiennes, UCLA et USC, se sont affrontés ce vendredi 25 avril. Le public a ainsi pu suivre cette course de gamètes sur grand écran, grâce à un microscope connecté.
Quatre jeunes millionnaires de la tech ont fondé Sperm Racing. Parmi eux, il y a notamment Eric Zhu, âgé de 17 ans aujourd’hui et qui est connu pour avoir développé une start-up depuis les toilettes de son lycée. Leur but était de sensibiliser au déclin de la fertilité masculine, car "la fertilité masculine est en baisse" et "personne n'en parle vraiment", peut-on lire sur le site de la start-up.
Mais pourquoi une course de spermatozoïdes ? "La motilité des spermatozoïdes (la vitesse à laquelle ils se déplacent) s’avère être un facteur majeur de fertilité, poursuit Sperm Racing. C'est mesurable, traçable et, tout comme courir une course ou soulever un poids, c'est quelque chose que vous pouvez réellement améliorer". Autrement dit, chaque homme pourrait booster sa fertilité…
Faux, affirme le Dr Gilbert Bou Jaoudé, andrologue, médecin sexologue et directeur scientifique de la plateforme Charles.co, au média Le Point : "Le fait de regarder quel spermatozoïde va plus vite, ça n'a aucun intérêt. La vitesse n'est pas un critère de fertilité pertinent".
À travers cet événement, les organisateurs présentent la fertilité masculine comme une performance sur laquelle chacun peut agir. Au sujet de cette course, ils indiquent qu’"il s'agit de transformer la santé en une compétition. Il s’agit de faire de la fertilité masculine quelque chose dont les gens veulent réellement parler, suivre et améliorer".
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Cinq critères de fertilité masculine
Pourtant, la recherche d’une baisse de la fertilité chez l’homme se fait d’abord par une prise de sang, pour rechercher des maladies virales ou bactériennes, et par la réalisation d’un spermogramme. Durant cet examen, le sperme est étudié au microscope en fonction de cinq critères : la concentration en spermatozoïdes, le spermocytogramme, la présence d'agglomérats et d’agglutinats de spermatozoïdes, la vitalité des spermatozoïdes ainsi que leur mobilité. “Et encore, même parmi les mobiles, certains spermatozoïdes sont vieillissants et vite fatigables, d'autres servent juste de soutien, souligne le Dr Bou Jaoudé. C'est comme une équipe de cyclisme : les plus rapides au départ ne sont pas forcément ceux qui franchissent la ligne en tête”.
D’autres examens comme la spermoculture (recherche d'un germe dans le sperme) ou un test de migration-survie des spermatozoïdes (calcul de la proportion des spermatozoïdes encore mobiles à 24 heures) peuvent compléter le spermogramme, selon l’Assurance maladie.
En 1973, la concentration moyenne de gamètes dans le sperme était de 101 millions de spermatozoïdes par millilitre, contre 49 aujourd’hui, selon une méta-analyse publiée en 2022. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse de la fertilité masculine, d’après l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) : exposition à une forte chaleur (fours, postes de soudure…), à certains pesticides, solvants, polluants organiques persistants ou encore certains perturbateurs endocriniens comme les phtalates, qui sont suspectés de perturber la fonction de reproduction aussi bien chez les hommes que chez les femmes.